Schistosoma (schistosomes) : Classification, Manifestations cliniques et Identification
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◉ Introduction
Les schistosomes ( Schistosoma ) sont des vers plats appartenant à la classe des Plathelminthes, responsables d'infections parasitaires connues sous le nom de schistosomiase ou bilharzioses. Ils se distinguent par leur corps non segmenté et leur sexe séparé. Ces parasites sont hématophages et sont pourvus de deux ventouses très antérieures, l'une orale et l'autre ventrale, qui leur servent d'organes de fixation.
Les hôtes intermédiaires de ces parasites sont des mollusques d'eau douce. La transmission du parasite se fait par voie transcutanée, généralement lors d'un contact avec de l'eau douce contaminée, surtout aux heures chaudes de la journée.
Trois groupes de schistosomes sont pathogènes pour l'homme :
1- Le groupe haematobium, comprenant:
- Schistosoma haematobium, responsable de la bilharziose urogénitale, présente un tropisme pour le plexus veineux uro-génital.
- Schistosoma intercalatum et Schistosoma guineensis responsables de la bilharziose rectale.
2- Le groupe mansoni, représenté par Schistosoma mansoni, est l'agent de la bilharziose intestinale et de ses complications hépatospléniques. Présente un tropisme pour les veines mésentériques inférieures.
3- Le groupe japonicum, incluant Schistosoma japonicum et Schistosoma mekongi, est responsable de la bilharziose artério-veineuse, avec des atteintes hépatospléniques graves.
Photo 01: Oeufs de schistosoma
On estime à près de 200 millions le nombre de cas de bilharziose dans le monde, dont 90 % se trouvent en Afrique, et elles seraient responsables de 800 000 décès chaque année. Cette maladie constitue ainsi la deuxième endémie parasitaire mondiale après le paludisme.
◉ Classification
- Embranchement : Helminthes
- Sous-Embranchement : Plathelminthes
- Classe : Trématodes
- Sous-classe : Digenea
- Ordre : Distomata
- Famille : Schistosomatidae
- Genre : Schistosoma
- Espèces : Il existe 18 espèces de Schistosomes, dont 6 sont pathogènes pour l'Homme :
- Schistosoma haematobium
- Schistosoma mansoni
- Schistosoma intercalatum
- Schistosoma japonicum
- Schistosoma mekongi
- Schistosoma guineensis
◉ Morphologie
◉ A. Adultes
- Les mâles et les femelles possèdent deux ventouses, l'une orale et l'autre ventrale.
- Les mâles mesurent environ 15 mm de long sur 1 mm de large et ont un corps plat qui s'enroule naturellement sur lui-même pour former le canal gynécophore où se loge la femelle.
- Les femelles sont cylindriques et plus longues que les mâles, mesurant de 18 mm à 30 mm de long. Elles pondent des œufs munis d'éperons.
Photo 02: Larve de Schistosoma, mâle adulte (Source: Ziyad-alateeq)
Photo 03: Larve de Schistosoma, femelle adulte (Source: Ziyad-alateeq)
◉ B. Forme infestante (furcocercaire)
- La furcocercaire représente la forme infestante des Schistosomes. Elle possède une partie antérieure englobant l'ébauche de la future ventouse buccale et ventrale, et une partie postérieure bifide. Elle mesure environ 500 μm et synthétise des enzymes protéolytiques. Elle peut survivre dans le milieu extérieur.
Photo 04: Schistosoma furcocercaire (Source: Ziyad-alateeq)
◉ C. Œufs
Les œufs des différentes espèces de Schistosomes présentent des caractéristiques distinctives :
- Schistosoma haematobium : œufs ovales à éperon terminal, mesurant environ 150 μm de long sur 50 μm de large, incolores et transparents, éliminés dans les urines.
- Schistosoma mansoni : œufs de forme ovalaire à éperon latéral, mesurant environ 150 à 160 μm de long sur 60 μm de large, de couleur jaune clair ou transparents, éliminés dans les selles.
- Schistosoma intercalatum et Schistosoma guineensis : œufs mesurant environ 200 μm sur 65 μm, de forme ovale grossièrement losangique, avec un éperon terminal apical long, éliminés dans les selles.
- Schistosoma japonicum et Schistosoma mekongi : œufs plus petits (environ 70 μm sur 50 μm pour S. japonicum et 60 μm sur 40 μm pour S. mekongi), plus sphériques, avec un éperon latéral souvent difficile à voir selon l'orientation des œufs.
◉ Cycle évolutif
- Les femelles fécondées pondent leurs œufs dans les ramifications veineuses de l'intestin ou de la vessie.
- Si les œufs sont embolisés dans les tissus, ils sont fixés, calcifiés et entourés d'un granulome éosinophile.
- Si les œufs tombent dans la cavité de l'organe, ils sont éliminés par les selles ou les urines, puis dans le milieu extérieur où ils libèrent le miracidium, la forme larvaire ciliée, qui cherche un mollusque hôte.
- L'évolution chez le mollusque dure environ un mois : le miracidium se transforme en sporocyste, puis en cercaire (furcocercaire), la forme infectante excrétée par le mollusque.
- Un miracidium peut survivre quelques heures et donner naissance à des milliers de cercaires par le phénomène de polyembryonie.
- La contamination de l'homme se fait lors d'un bain en eau douce, où la furcocercaire pénètre à travers les téguments, se sépare de sa queue, et sa partie antérieure (schistosomule) migre vers les vaisseaux portes intrahépatiques.
- Environ 2 à 3 mois plus tard, la furcocercaire devient adulte, poursuivant ainsi le cycle infectieux.
◉ Symptômes
- Lésions cutanées : dermatite, papules ou poussée d'urticaire principalement au niveau des membres inférieurs et des pieds
- Hypersensibilité systémique : fièvre soudaine accompagnée de frissons, myalgies, arthralgies, toux sèche, diarrhée et maux de tête. Une lymphadénopathie et une hépatosplénomégalie peuvent également survenir.
- Intestinal : douleurs abdominales chroniques ou intermittentes, diarrhée, ulcération chronique du côlon, saignements et anémie ferriprive.
- Hépatosplénique : hypertrophie du lobe gauche, occlusion des veines porte, hypertension portale avec splénomégalie, varices gastro-œsophagiennes.
- Pulmonaire : dyspnée.
- Urinaire : pollakiurie, dysurie, hématurie à la fin de la miction.
- Neurologique : myélopathie aiguë ou soudaine, convulsions, dysfonctionnement moteur/sensoriel et augmentation de la pression intracrânienne.
◉ Diagnostic
◉ 1. Diagnostic d'orientation
- Arguments épidémiologiques : Origine géographique, séjour en zone d'endémie, exposition à l'eau douce stagnante.
- Arguments cliniques : Fièvre, hématurie, selles striées de sang.
- Éléments biologiques : Hyperéosinophilie sanguine, augmentation des IgE, anémie, thrombopénie, électrophorèse des protéines montrant une diminution de l'albumine et une élévation des gammaglobulines.
◉ 2. Diagnostic de certitude
A. À la phase d'état :
- Examen parasitologique direct : Mise en évidence des œufs de Schistosomes dans les urines, les selles ou les prélèvements biopsiques, environ 2 à 3 mois après l'exposition.
- Examen macroscopique et microscopique des urines : Recherche des œufs de Schistosoma haematobium.
- Examen macroscopique et microscopique des selles : Recherche des œufs de Schistosoma mansoni, Schistosoma intercalatum, Schistosoma japonicum et Schistosoma mekongi.
- Biopsies : En cas de négativité des examens parasitologiques, les biopsies rectales ou vésicales peuvent être effectuées pour rechercher les œufs de Schistosomes.
B. À la phase d'invasion :
- Sérologie : Recherche des anticorps spécifiques, qui apparaissent progressivement 4 à 6 semaines après l'exposition.
- Techniques moléculaires : PCR en temps réel pour détecter l'ADN de schistosome dans les échantillons de sang, d'urine et de selles.
- Examens complémentaires : Pour évaluer l'extension des lésions.