Glaires dans les selles : Causes, Symptômes et Signification clinique
Contenu :
◉ Introduction
La présence de glaires dans les selles, bien que souvent bénigne, peut parfois révéler une pathologie sous-jacente nécessitant une prise en charge médicale. Le mucus, sécrété naturellement par les cellules caliciformes du tractus gastro-intestinal, joue un rôle essentiel dans la lubrification de la muqueuse intestinale et la protection contre les agents pathogènes. Cependant, une production excessive ou une modification de sa consistance ou couleur doit alerter. Cet article aborde les causes, les mécanismes physiopathologiques, les outils diagnostiques et les stratégies thérapeutiques, selon les dernières recommandations scientifiques.
◉ Physiologie du mucus intestinal
Le mucus intestinal est une sécrétion visqueuse et translucide, composée à 95 % d’eau, de mucines (glycoprotéines), d’électrolytes et de cellules épithéliales desquamées. Ses fonctions incluent :
- Protection mécanique : Barrière contre les bactéries, enzymes digestives et résidus alimentaires.
- Lubrification : Facilite le transit des selles sans lésion de la muqueuse.
- Régulation immunitaire : Piège les pathogènes pour une élimination via les selles.
Une quantité normale de mucus est généralement invisible à l’œil nu. Son apparition manifeste dans les selles signale souvent une irritation ou inflammation intestinale
◉ Causes des glaires dans les selles
La présence excessive de glaires dans les selles peut être le signe de diverses affections, notamment :
- Intolérances et allergies alimentaires : des troubles tels que l'intolérance au lactose ou les allergies alimentaires peuvent provoquer une inflammation de la muqueuse intestinale, entraînant une production accrue de mucus dans le tractus digestif.
- Infections gastro-intestinales : les infections virales, bactériennes (ex. : salmonellose, shigellose) ou parasitaires peuvent provoquer une inflammation intestinale et une augmentation de la sécrétion de glaires.
- Cancer colorectal : dans certains cas, une augmentation des sécrétions muqueuses peut être observée en présence d’une tumeur digestive.
- Syndrome de l'intestin irritable (SII) : caractérisé par des douleurs abdominales et des modifications du transit intestinal (diarrhée, constipation ou alternance des deux), le SII peut s’accompagner d’une augmentation du mucus intestinal.
- Pathologies ano-rectales : rectite, abcès anal, fistule anale… Ces affections inflammatoires ou infectieuses du rectum et de l’anus peuvent provoquer une sécrétion excessive de glaires.
- Maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) : la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH) entraînent une inflammation chronique du tube digestif, favorisant la production de mucus.
- Volvulus : une occlusion intestinale due à une torsion de l'intestin peut s’accompagner de symptômes tels que des douleurs abdominales sévères, des ballonnements et des glaires dans les selles.
- Fibrose kystique : cette maladie génétique affecte principalement les systèmes respiratoire et digestif, entraînant une accumulation anormale de mucus dans les poumons, le foie et l’intestin.
- Maladies de malabsorption : des pathologies comme la maladie cœliaque (intolérance au gluten) ou certains troubles digestifs peuvent altérer l’absorption des nutriments et favoriser la présence de glaires dans les selles.
Note : La présence de glaires dans les selles seule ne permet pas d’établir un diagnostic précis. Il est essentiel de consulter un médecin pour une évaluation approfondie et des examens complémentaires si nécessaire.
◉ Signes et symptômes
Selon la cause et la gravité de la maladie sous-jacente, la présence de glaires dans les selles peut s'accompagner d'autres symptômes. Il est recommandé de consulter un médecin en cas de :
- Douleurs ou crampes abdominales.
- Constipation, diarrhée ou incontinence fécale.
- Selles anormalement nauséabondes.
- Sang dans les selles.
- Selles très foncées ou noires.
- Ballonnements, distension ou gonflement abdominal dur.
- Sensation d’essoufflement ou pâleur de la peau.
- Fièvre, palpitations ou rythme cardiaque accéléré.
- Perte de poids inexpliquée.
- Antécédents familiaux de cancer colorectal ou de maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI).
◉ Diagnostic
Une démarche structurée est essentielle pour identifier l’étiologie :
1. Interrogatoire et examen clinique
- Caractéristiques des selles : Fréquence, consistance (échelle de Bristol), présence de sang.
- Palpation abdominale : Recherche de masses, sensibilité, ou défense.
- Toucher rectal : Détection de lésions anales, de sang ou de mucus.
2. Examens complémentaires
Analyses de selles :
- Coproculture et PCR multiplexe pour agents infectieux.
- Test immunologique de recherche de sang occulte (TIRS).
- Dosage de la calprotectine : Différencie MICI (niveaux élevés) et SII (niveaux normaux).
Prise de sang :
- NFS (anémie, leucocytose), CRP (inflammation), sérologie cœliaque (IgA anti-transglutaminase).
Imagerie et endoscopie :
- Coloscopie avec biopsies : Examen de référence pour les lésions coliques (MICI, polypes).
- Capsule endoscopique : Explore l’intestin grêle en cas de suspicion de maladie de Crohn.
- Échographie ou TDM abdominale : Évalue les complications (abcès, sténoses).
◉ Traitement
Le traitement de la présence de mucus dans les selles dépend de la cause identifiée par le médecin après une évaluation approfondie. Voici quelques options thérapeutiques couramment utilisées :
- Antibiotiques : prescrits en cas d’infections bactériennes responsables de l’augmentation du mucus intestinal.
- Médicaments anti-inflammatoires : utilisés pour réduire l'inflammation et gérer les symptômes des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.
- Changements de mode de vie : adoption d’une alimentation équilibrée, gestion du stress, activité physique régulière et repos suffisant.
- Médicaments symptomatiques : selon les besoins, des anti-diarrhéiques, des laxatifs ou des antispasmodiques peuvent être prescrits pour soulager certains troubles digestifs.
◉ Prévention et suivi
- Dépistage du cancer colorectal : Coloscopie tous les 10 ans à partir de 50 ans (ou 40 ans en cas d’antécédents familiaux).
- Éducation thérapeutique :
- Régime équilibré riche en fibres.
- Éviction stricte du gluten en cas de maladie cœliaque.
- Suivi des MICI : Surveillance endoscopique et dosage de la calprotectine fécale pour évaluer l’activité de la maladie.
◉ FAQ (Foire aux questions)
Q : Un excès de mucus dans les selles peut-il être psychosomatique ?
R : Le stress exacerbe souvent les symptômes du SII, mais une cause organique doit toujours être exclue en première intention.
Q : Les enfants peuvent-ils présenter du mucus dans les selles ?
R : Oui, notamment lors de gastro-entérites ou d’allergies aux protéines de lait de vache. Une consultation pédiatrique est recommandée.
Q : Quel est le pronostic des MICI ?
R : Sous traitement, la plupart des patients atteignent une rémission prolongée. Un suivi régulier permet de prévenir les complications (sténoses, dysplasie).