Sommaire :
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La brucellose, également appelée fièvre de Malte, fièvre sudéro-algique ou fièvre ondulante est une maladie infectieuse, à déclaration obligatoire, commune à certains animaux et à l’homme, due à des coccobacilles du genre brucella.
Brucella est un genre de petites bactéries intracellulaires facultatives à Gram négatif qui peuvent infecter les animaux et les humains. Ces bactéries portent le nom de Sir David Bruce, un médecin britannique qui les a isolées pour la première fois en 1887.
Brucella est considérée comme un organisme bioterroriste en raison de ses faibles doses infectieuses (10 à 100 bactéries), de sa capacité de persistance dans l'environnement, de sa transmission rapide par différentes voies, y compris les aérosols, et enfin en raison de son traitement difficile par les antibiotiques.
Depuis la création du genre et la description de B. melitensis et B. abortus par Meyer et Shaw en 1920, la classification des espèces de Brucella est restée problématique et est encore aujourd'hui un sujet de discussion et de débat
Avec le développement de techniques à base d'acide nucléique, en particulier la technologie d'hybridation ADN – ADN pour mesurer les relations basées sur les acides nucléiques, il est devenu évident que toutes les espèces de Brucella forment un groupe serré d'espèces génétiquement hautement apparentées avec des similitudes génomiques> 87%.
Cependant, après la découverte de la nouvelle espèce de Brucella, le vieux débat a repris. Le positionnement des espèces de Brucella atypiques récemment détectées (en particulier B. microti et B. inopinata ) était problématique en raison de leur nette distinction avec les espèces classiques (les six premières espèces identifiées Brucella melitensis, Brucella abortus, Brucella suis, B. canis, B. ovis et B. neotomae )
Le terme « atypique » désigne ici soit un phénotype (profil biochimique, rapidité de croissance) clairement différent par rapport aux espèces classiques (B. microti et B. inopinata) et / ou des espèces avec un degré de diversité génétique plus élevé (B. inopinata et en particulier B. vulpis).
Taxonomie Brucella (source : Taxonomy Browser)
☰ Les moutons, les chèvres, les bovins, les chameaux, les porcs, les chiens et autres mammifères sont les principaux réservoirs de l'infection humaine. Le placenta, les liquides fœtaux et les pertes vaginales expulsés par les animaux infectés après un avortement provoqué par Brucella sont d'importantes sources d'infection pour l'homme et les autres animaux.
☰ L’épidémiologie de la brucellose humaine est étroitement liée à l’infection animal, L’OMS estime l’incidence mondiale de la maladie à 500000 cas par an. La prévalence mondiale actuelle de toutes les formes de brucellose est en pratique limitée à l’Amérique latine, au Moyen-Orient, aux Région des Balkans, Mongolie, Russie, Chine et certains pays méditerranéens.
- Une étude réaliser sur les 15 principaux pays en nombre de cas de brucellose enregistrés en 2012, l’Algérie vient en 5eme position avec 5298 CAS après Mexico (127 756), China (39 515), Iran (8610), Turkey (6759)
1- Morphologie: Petit coccobacille à gram négatif, aérobie strict, immobile, habituellement isolé rarement en paire ou en chaînette(en milieu liquide) non capsulé et non sporulé. Il existe des souches Smooth (lisses) et des souches Rough (rugueuses). En général, les formes pléomorphes sont rares, sauf dans les anciennes cultures poussant dans des conditions défavorables
2- Caractères culturaux: La plupart des Brucella classiques se comportent comme des organismes exigeants à croissance lente lors de l'isolement primaire du matériel clinique. Les colonies sont à peine visibles avant 48 h. (Sous 5 % de CO2, pH 6,8 et T°37 °C.)
1. Pour les Prélèvement mono-microbien
- Gélose TSAY :Trypticase Soy Agar (+/- extrait de levure)
- GSC (gélose au sang cuit)
2. Prélèvement polymicrobien :
- Milieu de Farrell : Gélose à extrait de foie et de levure additionnée (cycloheximide , polymixine B ,vancomycine, acide nalidixique ,nystatine)
- Brucella sur TSA : Petites colonies de 0,5 mm, à bords arrondis, translucides, bleutées, plus la culture prend de l’age plus les Colonies deviennent couleur miel.
- Brucella sur Gélose au sang cuit : Colonies très fines 0,5 mm de diamètre. Elles sont grisâtres, blanchâtre, légèrement bombées (non hémolytiques sur GSF de cheval) puis elles deviennent orange-jaune.
3- Caractères biochimiques :
4- Détermination des biovares :
☰ Du fait d’une faible réactivité biochimique, l’identification de ces bactéries par les méthodes phénotypiques usuelles est difficile
☰ L'identification classique de biovar se fait par l'étude de différents caractères (tableau suivant) comprenant :
Les symptômes de la brucellose chez l'homme peuvent varier d'une personne à l'autre et au fil du temps
La brucellose est la maladie professionnelle la plus fréquente chez les personnels de laboratoire, du fait de l'extrême contagiosité de la bactérie(Sous hotte, port de gants, masque et lunettes.).
Critères cliniques :
Critères épidémiologiques : Au moins un des trois liens épidémiologiques suivants
Critères laboratoire : Au moins un des 2 critères suivants
☰ Divers: Hémocultures, LCR, ganglions lymphatiques, M.O, liquide articulaire et pus de foyer suppuré....
NB : Fiche de renseignement complète indispensable avec demande précise de recherche de Brucelles. Certaines notions épidémiologiques permettent d’orienter la recherche : Milieu rural ou non, région, profession, notion d’ABRT du bétail
☰ Il est de peu d'utilité, du fait du matériel clinique (sang le plus souvent), de la très petite taille et de la faible coloration de la bactérie par la coloration de Gram.
◉ Hémoculture
C'est la méthode la plus sûre , réalisée de préférence en période fébrile. Les hémocultures sont positives dans 70 à 80% des cas au cours de la phase septicémique et 20 à 45% des cas dans les formes focalisées.
L'hémoculture doit être pratiquée avant toute antibiothérapie et répétée. Bien étiqueter les flacons avec (nom, prénom, âge du malade, température, l'heure de prélèvement.).
Le temps d'incubation doit être prolongé (14 à 21 jours) , et une subculture finale en aveugle peut améliorer les résultats.
Les automates d'hémoculture (Bactec, Vital, BacTAlert) détectent les échantillons positifs en moins de 5 jours dans 95 % des cas, mais là encore, une incubation prolongée est recommandée si une brucellose est suspectée (21 jours).
◉ Autres cultures
Brucella peut coloniser tous les organes et toutes les humeurs. C'est dire que tout prélèvement obtenu par ponction ou à l'occasion d'un geste chirurgical chez un sujet brucellisé peut et doit être confié au biologiste
☰ Toute culture positive doit faire l’objet d’un:
Le test d'agglutination en tube ou sérodiagnostic de Wright demeure la méthode la plus utilisée et la réaction de référence pour OMS, C'est l'examen le plus utilisé dans la forme aigue et subaigüe (La réaction se positive dès le 12e ou 15e jour), il s’agit d’une technique d'agglutination quantitative qui met en évidence IgG et IgM (surtout les IgM.)
Le test consiste à titrer les anticorps en effectuant une série de dilutions 1/20, 1/40, etc. Ne sont considérés comme positifs que les taux supérieurs ou égaux au 1/80 (FAO et OMS, CNR BRUCELLA - CHU DE NÎMES), Le CDC (Center for diseases control) préconise un titre limite de 1/160 avec une incubation de 48 heures à 37 °C.
Un titre plus faible (1/40, et même 1/20) doit éveiller la suspicion et justifie un sérodiagnostic quelques jours plus tard
Est une technique de dépistage d'abord utilisée par les vétérinaires. Elle s'effectue de manière simple en mélangeant sur un morceau de bristol une goutte de sérum à une suspension de Brucella tué et coloré. La réaction est exprimée par des croix (d’une à quatre). Un test positif détecte au minimum 25 UI/ml. Elle met en évidence les anticorps IgG.
La réponse est positive tardivement (2 à 3 semaines) et la sensibilité de la technique est très élevée (> 95 %). Agglutination même minime → le sérum est positif
L'immunofluorescence indirecte utilisée est une suspension inactivée de Brucella. Cette méthode permet un titrage des IG totales ou des IgM. Sa sensibilité est excellente et elle est positive dans les formes chroniques.
Leur détection permet de suspecter la maladie. C’est un test particulièrement intéressant en cas de brucellose chronique, compliquée ou localisée quand les autres tests sont négatifs, dont l'interprétation est équivalente à celle de l'immunofluorescence indirecte. Son automatisation facile permet de l'utiliser dans les enquêtes épidémiologiques. Cependant, la grande diversité d'antigènes utilisés limite sa standardisation et sa commercialisation
La PCR est une technique sensible et spécifique, particulièrement utile dans le cas où l’administration d’une antibiothérapie empirique empêche l’isolement des Brucella. Elle est réalisée à partir du sang ou du sérum à la phase aiguë bactériémique et à partir de biopsies tissulaires ou de suppurations au cours des formes focalisées de brucellose.
Les gènes cibles utilisés dans le cadre du diagnostic direct sont principalement le gène bcsp31 codant pour une protéine de membrane externe de 31 kDa, et la séquence d’insertion IS711 dont plusieurs copies sont présentes dans le génome des Brucella.
La plupart des tests PCR utilisés sont spécifiques de genre, et ne permettent pas de déterminer l’espèce en cause.
L'objectif du traitement de la brucellose est d'éviter Ia survenue de formes focalisées et de rechutes précoces ou tardives Le traitement est fonction du stade et des formes cliniques de la maladie, il comprend un traitement curatif et un traitement adjuvant selon les cas
1. Traitement curatif (schéma ALGERIE 2018 tableau suivant) :
- Cyclines (Doxycycline), Aminosides (Gentamicine), Rifampicine, Autres (Cotrimoxazole, Fluoroquinolones « ciprofloxacine »)
2. Traitements adjuvants :
Ce dernier peut faire appel à : des anti- inflammatoires ; repos au lit ; traitement des complications (immobilisation, ponction d'abcès, chirurgie, neurochirurgie, chirurgie cardiovasculaire).