Infections respiratoires d'origine virales

✑ Dr.Hamzaoui.l

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Ⅰ. Introduction

- Les virus respiratoires sont responsables d’environ 80 % des infections respiratoires. Ils sont responsables d’infections respiratoires hautes (rhinite, laryngotrachéite) mais aussi d’infections respiratoires basses (bronchite, bronchiolite, pneumopathie) potentiellement sévères. Leur incidence est beaucoup plus élevée chez les enfants que chez l’adulte.

Les virus responsables d’infection respiratoire sont différents selon la localisation anatomique de l’infection, l’âge et la période de l’année.

Les virus les plus fréquemment isolés sont le VRS, les virus influenzae A et B, les virus parainfluenzae. Les rhinovirus et les adénovirus sont moins retrouvés.

Depuis sa découverte en 2001, le métapneumovirus humain (hMPV) est un pathogène retrouvé en pathologie respiratoire communautaire principalement chez les enfants, mais aussi les personnes âgées et/ou immunodéprimées.

À côté de ces virus, des virus émergents le plus souvent issus d’une recombinaison génétique entre un virus animal et un virus humain de la même famille tels que le SARS et le MERS -CoV sont une source de préoccupation majeure


Ⅱ. Physiopathologie des infections respiratoires virales

☵ Porte d’entrée : tractus respiratoire supérieur (pharynx, larynx

☵ Propagation de proche en proche des VAS (rhinite, laryngite, trachéite) vers les VAI et les bronchioles → bronchite, bronchiolite ou pneumopathie

☵ Multiplication dans les ¢ épithéliales ciliées → destruction de l’épithélium → hypersécrétion et oedème → rhinorrhée et obstruction des VA avec risque ++ de surinfection bactérienne


Ⅲ. Agents étiologiques

1. Virus respiratoires :

A- Les virus de la grippe :

☵ Famille : Orthomyxoviridae

☵ Genres : Influenzavirus A, B, C

- Les virus infuenza de type A sont, eux seuls, divisés en sous-types en fonction des différentes sortes et associations de protéines de surface du virus.

•   Structure du virus de la grippe :

- Les virus grippaux sont des virus enveloppés, de forme sphérique, ovale ou allongée, possédant une nucléocapside à symétrie hélicoïdale.

- Les deux types de glycoprotéines virales de surface, l’hémagglutinine (H) et le neuraminidase (N) , sont insérés sur l’enveloppe issue de la membrane de la cellule hôte.

- Le génome viral est un ARN monocaténaire, de polarité négative, segmenté comprenant 8 segments pour les virus de type A et B et 7 segments pour le virus de type C, correspondant chacun à un gène. Les segments d’ARN codent 8 ou 10 polypeptides dont la plupart sont des protéines structurales.

•   Mécanismes de variation des virus grippaux :

Les glissements antigéniques (drift) : modifications mineures favorisées par l’instabilité génétique de l’ARN et le caractère infidèle des ARN polymérases virales (pas de mécanisme de relecture ni de correction d’erreur). Ils résultent du changement ponctuel de quelques bases nucléiques dans le gène correspondant à l’hémagglutinine ou/et le gène correspondant à la neuraminidase (2 ou 3 par an). Par glissement, apparaissent à l’intérieur du même sous-type, H3N2 par exemple, toute une série de variants qui s’éloignent progressivement de la souche d’origine.

- Ces modifications antigéniques mineures donnent, non pas des pandémies mais, tous les ans ou tous les deux ans, des épidémies limitées touchant une fraction seulement de la population.

- Les glissements antigéniques concernent les virus influenza A et les virus influenza B.

Les cassures antigéniques ou sauts (shift): correspondent à des remaniements génétiques beaucoup plus importants que des mutations ponctuelles. Ce sont des « réassortiments » génétiques, c’est à dire des échanges complets de gènes entiers. Ces échanges portant sur les gènes de l’hémagglutinine et/ou de la neuraminidase se font avec des virus influenza A animaux. Les sauts aboutissent à l’apparition de nouveaux sous-types à l’intérieur du type A et créant une pandémie

- Ces modifications antigéniques majeures ne concernent que les virus de type A.

•   Réservoirs des virus grippaux :

L’homme est le principal hôte naturel des virus grippaux de type B et C alors que le type A se retrouve chez de nombreuses espèces animales comme les mammifères mais surtout les oiseaux. Ce sont principalement les oiseaux aquatiques, chez lesquels ont été retrouvés les 15 types d’HA et les 9 types de NA, qui constituent le réservoir des virus grippaux de type A.

•   Transmission des virus grippaux :

- Les virus grippaux pénètrent dans l’organisme par voie respiratoire, au niveau du rhino-pharynx. Ils se transmettent facilement par voie aérosol, au moyen de microgouttelettes et de particules excrétées par un patient infecté lorsqu’il tousse, éternue ou parle.

- Les virus peuvent également être transmis par l’intermédiaire des mains (type de transmission appelé "manuportage")

•   Épidémiologie des virus grippaux :

- La grippe peut sévir selon 3 modes : sporadique, épidémique et pandémique.
- Les virus grippaux de type A et B sont à l’origine des épidémies saisonnières chez l’homme.
- La grippe sévit généralement en hiver dans les pays tempérés mais les virus grippaux circulent toute l’année dans les pays tropicaux et sub-tropicaux.

- Seuls les virus de type A sont responsables des pandémies, dues à l’apparition d’un nouveau sous-type de virus grippal de type A (suite à une modification génétique majeure), pour lequel la majorité de la population est immunologiquement naïve.

- Le plus haut risque de complications concerne les femmes enceintes, les enfants de 6 à 59 mois, les personnes âgées et les individus de tout âge présentant certaines affections chroniques, telles que le VIH/sida, l’asthme, ou des cardiopathies ou pneumopathies chroniques, ainsi que les agents de santé.

La grippe pandémique :

  • - La pandémie de 1918 dite « grippe espagnole », la plus sévère, due au sous-type H1N1, a touché le monde entier et a été responsable de 20 à 50 millions de morts entre 1918 et 1919 ;
  • - La « grippe asiatique » en 1957, due au sous-type H2N2 ;
  • - La « grippe de Hong Kong » en 1968 due au sous-type H3N2.
  • - En 2009, date de la dernière pandémie grippale, le virus responsable était un nouveau variant de soustype H1N1, résultant d’échanges génétiques appelés réassortiments entre un virus humain de sous-type H3N2, un virus aviaire et deux virus porcins. Depuis 2009 ce virus A(H1N1)pdm09 a remplacé les précédents virus A(H1N1) et est responsable, avec les virus A(H3N2) et les virus de type B, des épidémies saisonnières.

•   Pouvoir pathogène des virus grippaux :

- Après une période d’incubation de 1 à 3 jours, la grippe saisonnière se caractérise par l’apparition brutale d’une forte fièvre, de toux (généralement sèche), de céphalées, de douleurs musculaires et articulaires, de malaise général, de maux de gorge et d’écoulement nasal. La toux peut être grave et durer jusqu’à 2 semaines et plus.

- La guérison se fait de façon spontanée en une semaine

- Les complications possibles : surinfections bactériennes broncho-pulmonaires, pneumopathie sévère, décompensation d’une insuffisance cardiaque ou respiratoire, encéphalite, myocardite, péricardite…

B- Le virus respiratoire syncytial (VRS) :

- Famille : Paramyxoviridae

- Sous famille : Pneumovirinae

- Genre : Pneumovirus

- Espèce : VRS humain

•   Structure du virus respiratoire syncytial (VRS) :

Le VRS est un virus enveloppé et fragile. Il est formé d’une nucléocapside hélicoïdale interne avec une molécule d’ARN de 10 gènes, entourée d’une enveloppe lipidique comprenant à sa surface deux glycoprotéines (gp) : gp G, la protéine d’attachement, et gp F la protéine de fusion.

  • - La protéine G est une protéine très variable hautement glycosylée qui serait impliquée dans l’attachement du virus à ses cellules cibles et dans l’échappement à la réponse immunitaire.
  • - La protéine F est très conservée. Son rôle principal est d’assurer la fusion entre l’enveloppe virale et les membranes cellulaires mais elle pourrait intervenir aussi dans l’attachement du virus à la cellule cible (Melero, Mas, & Mclellan, 2017). Il existe ainsi 2 formes de cette protéine : une forme pré-fusion qui est la forme présente à la surface du virion, et une forme post-fusion qui est la forme la plus stable.

•   Modes de transmission du VRS :

- Le VRS est transmis très facilement par les sécrétions respiratoires. Sa multiplication dans les voies aériennes est importante, et la contagiosité des enfants très grande et prolongée (pendant 5 à 7 jours). Les muqueuses nasales et conjonctivales représentent la porte d’entrée habituelle de l’infection.

- L’infection peut être transmise par contact direct, par les aérosols à grosses particules émis à l’occasion d’éternuements ou de secousses de toux.

- La transmission indirecte du virus par les mains, les poussières et les vêtements du personnel soignant est également importante.

•   Épidémiologie du VRS :

- Le VRS est le principal agent de la bronchiolite du nourrisson (50 à 90 %), responsable chez l’enfant de moins de 5 ans de plus de 33 millions de bronchiolites, 3.3 millions d’hospitalisations et environ 120 000 décès essentiellement dans les pays en voie de développement (Shi et al., 2017).

- Les infections humaines à VRS sont répandues sur tous les continents, et dans les régions tropicales ou subtropicales.

- L'infection à VRS évolue sous forme d'une épidémie hivernale, survenant régulièrement chaque année. Elle débute en octobre ou novembre.

- Les deux groupes de VRSA et B sont associés dans les épidémies, mais l'un des deux est parfois dominant.

•   Pouvoir pathogène du VRS :

- L'incubation est de 2 à 4 jours, et l'infection à VRS débute par une rhinite banale qui dans 20 % des cas précède la bronchiolite de 1 à 3 jours.

- La bronchiolite du nourrisson est donc la forme typique de l'atteinte à VRS. Sa définition est « un premier épisode de bronchiolite, survenant en période épidémique, chez un nourrisson de moins de 2 ans, au décours immédiat d'une rhinopharyngite, associant une toux, une dyspnée obstructive avec polypnée, un tirage, une surdistension thoracique, un wheezing et/ou des râles sibilants et/ou des râles crépitants à prédominance expiratoire ». L'état général est conservé ; la fièvre, inconstante, est modérée et les troubles digestifs et l'otite sont fréquents. L'évolution de la bronchiolite à VRS est habituellement favorable en une dizaine de jours.

- Les réinfections par le RSV sont fréquentes tout au long de la vie.

C- Le virus Parainfluenzae :

☵ Famille : Paramyxoviridae

☵ Sous famille : Paramyxovirinae

Chez l’homme, on retrouve quatre représentants de ces virus dans le cadre des infections virales communautaires, identifiés PIV-1 à PIV-4 :

☵ Genre : Respirovirus Espèces : parainfluenza humain type 1 et 3

☵ Genre : Rubulavirus Espèces : parainfluenza humain type 2 et 4 (4A,4B)

• Structure

Les virus sont des virus pléiomorphes formés :

  • - D’une enveloppe externe couverte de spicules : glycoprotéine HN d'attachement (gp HN) et la gp de fusion F. Pour le VPI3, la protéine HN comporte six sites antigéniques, dont trois sont impliqués dans les activités neutralisantes et hémagglutinantes et un dans l'activité neuraminidasique, et la protéine F huit sites antigéniques.
  • - D’une nucléocapside hélicoïdale interne.
  • - D’un ARN de 6 ou 7 gènes monocaténaire de polarité négative non segmenté.

• Modes de transmission

- Les PIV sont des virus très contagieux. Dans les collectivités d’enfants, l’infection atteint rapidement 40 à 70 % des enfants avec les virus parainfluenza 1 ou 2, et 100 % avec le virus parainfluenza 3.

- Les PIV se transmettent par inhalation des particules virales, soit directement au contact d’un sujet infecté (ou réinfectés) et ceci pendant au moins 5 à 7 jours (émission d’aérosols par la toux, les éternuements ou la parole), soit par contact manuporté.

• Epidémiologie :

- Les infections par les PIV sont fréquentes. Elles surviennent dans la petite enfance : 75-80% des enfants ont été en contact avec un PIV avant l’âge de 5 ans. L’infection par ces virus n’étant pas immunisante, les réinfections sont fréquentes tout au long de la vie.

- PIV-3 est le plus prévalent des PIV. Les infections à virus para-influenza 3 sont endémiques et surviennent régulièrement chaque année, en nombre variable, avec une prédominance en hiver et au printemps

- PIV-1 et PIV-2, moins prévalents, sont détectés de manière ponctuelle mais peuvent être à l’origine de petites épidémies automnales.

- Les caractéristiques épidémiologiques de PIV-4, le moins fréquent des PIV, ne sont pas connues.

• Pouvoir pathogène :

- Après une incubation de 3 à 5 jours, la maladie débute par une rhinite qui s'étend fréquemment aux voies aériennes inférieures, et notamment au larynx avec les VPI1 et 2 (laryngotrachéites aiguës suffocantes) et aux bronches avec le VPI3 (bronchiolites).

- Le VPI3 est responsable de 45% des infections à virus parainfluenza de l’enfant et la quasi-totalité des atteintes du nourrisson.

- Les infections à VPI4, sont classiquement rares : rhinopharyngites banales.

- Des pneumopathies à VPI s'observent chez les adultes et les sujets immunodéprimés, et notamment les greffés de moelle peuvent développer des infections sévères à VPI.

D- Rhinovirus

☵ Famille : Picornaviridae

☵ Sous famille : Enterovirus

• Structure

- Les rhinovirus sont des petits virus nus à capside icosaédrique à symétrie cubique. Le génome des rhinovirus est un simple brin d’ARN positif.

- Une grande diversité génétique caractérise les rhinovirus. Trois espèces sont rapportées : RV-A, -B et –C regroupant 80 sérotypes RV-A, 32 sérotypes RV-B et 55 sérotypes RV-C.

- Les RV-C ne sont pas détectés par les méthodes traditionnelles d’identification virale comme la culture cellulaire ou le sérotypage.

• Modes de transmission

- Les enfants constituent le réservoir principal des RV avec 8 à 12 infections par an alors que les adultes sont infectés 2 à 3 fois par an.

- La transmission est interhumaine (pathogènes strictement humains) par voie aérienne (gouttelettes, sécrétions nasopharyngées en aérosol). La transmission peut être aussi indirecte via les mains et les objets contaminés (virus résistants = capables de survivre pendant des heures à des jours à température ambiante sur des surfaces et le milieu extérieur et sur une peau non lésée pendant 2 h).

• Epidémiologie

A la différence du VRS et des virus grippaux, les RV peuvent être responsables d’infections respiratoires tout au long de l’année, le pic d’incidence a lieu en début d’automne et au printemps dans les climats tempérés.

• Pouvoir pathogène

- Les rhinovirus demeurent les principaux agents responsables du rhume (responsables de la moitié à 2/3 des rhumes communs) avec une incubation de 2 jours et des symptômes durant de 7 à 14 jours.

- Les RV sont habituellement restreints au tractus respiratoire supérieur, impliqués dans des congestions nasales, des rhinorrhées, toux, éternuements, pharyngites, sinusites, céphalées.

- Les infections asymptomatiques sont courantes particulièrement chez les enfants (12 à 30% chez les enfants de moins de 4 ans).

- Des complications à titre d’OMA se manifestent dans 30% des rhumes à RV.

- Les rhinovirus sont impliqués dans des pneumopathies et autres bronchites et bronchiolites (deuxième agent étiologique de bronchiolite après le VRS).

- Les rhinovirus sont des agents d’infections nosocomiales.

E- Adenovirus

☵ Famille : Adenoviridae

☵ Genre : Mastadenovirus

- Il s'agit d'un virus nu à capside icosaedrique. Les principales protéines constitutives de la capside sont l’hexon (sur les faces), le penton (sommets) et la fibre (spicules).

- Le génome des adénovirus est un ADN bicaténaire

Les adénovirus les plus rencontrés en pathologie respiratoire sont les espèces B (sérotypes 3, 7, 14 et 21), les espèces C (sérotypes 1, 2 et 5) et les espèces E (sérotype 4) (source : Human Adenovirus Associated with Severe Respiratory Infection, Oregon, USA, 2013–2014)

- Le virus pénètre par endocytose après liaison à divers récepteurs : récepteur CAR (coxsackie adenovirus receptor), glycoprotéine CD46 (régulation du système complément), acide sialique. Sa réplication est intra-nucléaire. Sa libération est associée à la destruction de la cellule.

- Les infections respiratoires à adénovirus se transmettent surtout par contact direct ou indirect avec les sécrétions respiratoires (aérosol, mains sales)

- Les infections les plus fréquentes sont celles des voies aériennes supérieures et des muqueuses supérieures (pharyngites) avec possibilité d’adénopathies.

2. Virus respiratoires émergents

- Qu’ils s’agissent de virus nouvellement apparus dans la population humaine, de virus déjà présents mais nouvellement identifiés ou de virus connus exprimant des propriétés épidémiologiques inattendues.

A- Coronavirus

☵ Famille : Coronaviridae

☵ Genre : Coronavirinae

On connaît à ce jour 7 espèces de coronavirus capables d’infecter l’humain : 4 espèces (HCoV-229E, HCoV-NL63, HCoV-OC43 et HCoV-HKU1) à circulation ubiquitaire et saisonnière, entraînant des tableaux cliniques le plus souvent bénins chez l’immunocompétent ; et 3 autres espèces, dites émergentes, provoquant des infections sévères :

  • - Le SARS-CoV, aujourd’hui disparu,
  • - Le MERS-CoV dont la circulation zoonotique, liée à son hôte animal le dromadaire, est quasiment restreinte à la péninsule arabique.
  • - Le SARS-CoV 2

Les coronavirus sont grossièrement sphériques munis d'une enveloppe virale ayant une capside d'une symétrie hélicoïdale et un génome à ARN monocaténaire linéaire non segmenté de sens positif. La taille génomique du virus varie entre 26 et 32 kilobases.

Leur enveloppe porte à sa surface de hautes projections formées de la protéine de surface S (spike) et disposées en couronne, d’où le préfixe « corona ». La protéine S est une protéine de fusion de type I organisée en trimères.

a. Le coronavirus du syndrome aigu respiratoire sévère (SARS-COV) :

- Son émergence est survenue dans le sud de la Chine, fin 2002. Le premier cas de SARS a pu être daté au 16 novembre 2002. Fin mars 2003, le SARS-CoV a été responsable de l’épidémie de pneumopathie atypique qui a touché une trentaine pays de novembre 2002 à juillet 2003.

- Au total, fin 2003, l’OMS a chiffré à 8 096 le nombre de cas probables d’infections par le SARS-CoV, et à 774 le nombre de décès liés. Le taux de mortalité global se situe aux environs de 10%.

- Des enquêtes détaillées ont révélé que le SARS-CoV se transmettait de la civette à l’homme.

- Le SARS-CoV se transmet de façon prédominante par voie respiratoire par l’intermédiaire de « gouttelettes » émises par le patient infecté, la contamination nécessite un contact prolongé et répété avec un malade présentant une symptomatologie pulmonaire.

- Après une période d’incubation allant de 1 à 14 j (médiane 4,6 j) et se présentant comme un syndrome pseudogrippal, l’évolution clinique est spontanément résolutive après la 1re semaine pour 80% des patients. Les 20% restants évoluent vers un SDRA nécessitant une hospitalisation en soins intensifs et une ventilation mécanique.

b. Le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV):

- Le MERS-CoV est un variant de coronavirus hautement pathogène découvert en 2012.

- Entre avril 2012 et août 2018, 2 229 cas d’infections par le MERS-CoV confirmées au laboratoire ont été déclarés, dont 83% survenus en Arabie Saoudite.

- Le modèle épidémiologique proposé reste inchangé : le MERS-CoV est un virus zoonotique, avec des introductions répétées dans la population humaine via des contacts directs ou indirects avec des dromadaires infectés de la péninsule arabique.

- Chez les humains, le virus a un fort tropisme pour les cellules épithéliales bronchiques non ciliées, et il a été montré qu'il échappe facilement aux réponses du système immunitaire.

- Les symptômes de l'infection par MERS-CoV peuvent être l'insuffisance rénale aiguë et une pneumonie aiguë sévère, qui aboutissent souvent à une issue fatale.

c . Le nouveau coronavirus du syndrome aigu respiratoire sévère (SARS-CoV 2) :

B- Métapneumovirus

☵ Famille : Paramyxoviridae

☵ Sous famille : Pneumovirinae

☵ Genre : Métapneumovirus

- Le métapneumovirus humain (hMPV) a été découvert en 2001 dans le nez de jeunes enfants atteints d’infection respiratoire aiguë

- Sur le plan génétique, le HMPV est proche du virus respiratoire syncytial (VRS). Il présente deux génotypes majeurs A et B, eux-mêmes subdivisés en deux sous-groupes.

- Le HMPV est présent dans le monde entier. Dans les pays tempérés, le virus circule essentiellement à la fin de l’hiver et au début du printemps. Le pic d’incidence du HMPV peut être contemporain de celui du VRS et les co-infections sont fréquentes.

- La prévalence du HMPV dans les infections du tractus respiratoire est de 5 à 15 %. Il occupe le deuxième rang des étiologies derrière le VRS dans les bronchiolites et pneumonies des jeunes enfants.

- La population cible est représentée par les enfants de moins de cinq ans.

- Le portage asymptomatique du virus est rare. Le HMPV est un agent étiologique important d’infections respiratoires basses et hautes.

- Des réinfections sont possibles au cours de la vie chez les patients plus âgés avec le plus souvent une expression clinique minime.

C- Bocavirus humain :

☵ Famille : Parvoviridae

☵ Genre : Bocaparvovirus

- Le HBoV a été identifié à partir de sécrétions nasopharyngées d’enfants souffrant d’infection respiratoire aiguë. 4 génotypes ont été décrits : le génotype 1 est impliqué dans les infections respiratoires, le plus souvent en association avec d’autres virus respiratoires alors que les autres types sont retrouvés essentiellement dans les Selles.

- Le virus peut être détecté toute l’année mais son incidence maximale est observée en hiver et au début du printemps.

- Les tableaux cliniques associés à l’infection à HBoV chez le jeune enfant vont de l’atteinte respiratoire mineure à la bronchiolite sévère ou la pneumopathie.

D- Hantavirus :

- Le syndrome pulmonaire à hantavirus (hantavirus pulmonary syndrome [HPS]) est causé par différents hantavirus infectant diverses espèces de souris sylvestres.

- Les Hantavirus sont des virus de la famille des Bunyaviridae responsables de fièvres hémorragiques avec syndrome rénal.

- Les patients atteints ont présenté un syndrome grippal évoluant vers des signes respiratoires sévères entraînant un décès dans environ 40 % des cas.

E- Virus Handra et Nipah :

☵ Famille : Paramixoviridae

☵ Genre : Henipavirus

Réservoir Hôte intermédiaire
Virus Handra Chauve-souris Cheval
Virus Nipah Chauve-souris Porc

3. AUTRES :

- Sur le terrain particulier de l’immunodépression, qui favorise la réactivation et l’expression clinique des virus latents, des virus « opportunistes » peuvent provoquer des pneumonies : le cytomégalovirus (CMV), certains adénovirus.

- Enfin, il faut mentionner les complications pulmonaires de certaines viroses systémiques, rougeole ou varicelle notamment, et les trachéobronchites post-chirurgicales à virus herpès simplex (HSV),


Ⅳ. Diagnostic Virologique des IRV

A- Indications :

Le diagnostic virologique des infections respiratoires communautaires reste actuellement réservé aux infections sévères nécessitant une hospitalisation. En effet, dans ce contexte, le diagnostic virologique va aider à la prise en charge en permettant :

- Un diagnostic différentiel entre étiologie virale et bactérienne et donc éviter une antibiothérapie potentiellement injustifiée

- D’appliquer les mesures d’isolement strict tant que le malade excrète du virus afin de lutter contre les infections nosocomiales.

- La surveillance des infections grippales (vérification de l’efficacité d’un vaccin)

B- Prélevemts :

- Le prélèvement de choix pour réaliser le diagnostic d’une infection respiratoire virale est le lavage–aspiration nasale (aspiration nasopharyngée) à l’aide d’un dispositif stérile (les cellules cylindriques ciliées sont le siège électif de la réplication virale) => infections respiratoires hautes.

- Un prélèvement par écouvillonnage nasal est une alternative, mais de faible sensibilité.

- Les virus peuvent aussi être recherchés dans des prélèvements pulmonaires notamment dans des liquides de lavage broncho-alvéolaire, les sécrétions trachéales ou bronchiques ou des fragments biopsiques => infections respiratoires basses.

- En raison de la fragilité des virus enveloppés et des cellules infectées dans le milieu extérieur, les prélèvements peuvent être transmis tels quels si leur acheminement est rapide (< 2 heures). Sinon, ils doivent être placés dans un milieu de transport virologique, et conservés au froid, à 4 °C, pour un transport n’excédant pas 24 à 48 heures, au moins pour les recherches virales en IF ou culture.

- Si l’échantillon doit être congelé, la technique d’IF ne sera plus praticable. La température de congélation doit être inférieure à –70 °C pour maintenir les virus viables, mais une conservation à –20° suffit pour une recherche des acides nucléiques viraux.

- La précocité du prélèvement par rapport au début clinique est essentielle, quel que soit le virus.

C - Outils de diagnostic :


1- La culture cellulaire :

- Méthode de diagnostic de référence des infections respiratoires virales.

Principe : consiste à inoculer les prélèvements respiratoires sur une nappe cellulaire et à observer l’apparition d’un effet cytopathogène lié à la multiplication virale.

- Chaque virus a un tropisme cellulaire propre :

  • - Les virus grippaux : cellules MDCK (rein de chien),
  • - Les VRS et les adénovirus : les fibroblastes embryonnaires de poumon d’origine humaine,
  • - les Entérovirus : cellules RD.
  • - Les virus parainfluenza: les cellules Hep-2.

- Technique longue (retard diagnostic) et couteuse.

2- Détection directe des antigènes viraux :

Ces techniques reposent sur la mise en évidence des protéines virales directement dans les prélèvements. L’avantage majeur de ces techniques par rapport à la culture cellulaire est qu’elles peuvent être pratiquées sur un prélèvement dans lequel les virus sont inactivés.

Deux types de techniques sont très utilisés :

L’immunofluorescence directe :qui consiste à détecter la présence d’antigènes viraux dans les prélèvements à l’aide d’anticorps monoclonaux spécifiques liés à la fluorescéine.

Lecture des lames au microscope à fluorescence : Recherche d’inclusions vertes dans les cellules infectées. Inconvénients :

- Cette technique doit être réalisée par un technicien expérimenté (lecture délicate), implique l’utilisation d’un microscope à fluorescence et reste réservée aux laboratoires spécialisés.

- Cette technique doit être réalisée par un technicien expérimenté (lecture délicate), implique l’utilisation d’un microscope à fluorescence et reste réservée aux laboratoires spécialisés.

L’immunochromatographie sur membrane : consiste à détecter la présence d’antigènes viraux à l’aide d’anticorps spécifiques (anti-VRS, anti-adéno ou antigrippaux) adsorbés sur la membrane

- 3 tests rapides principaux sont disponibles pour le diagnostic de la grippe

- 6 tests rapides sont disponibles pour le diagnostic de l’infection par le VRS.

Ces tests rapides permettent d’obtenir un résultat en 10 à 30 minutes, ne nécessitent pas la présence de cellules respiratoires intactes dans le prélèvement, et peuvent être pratiqués par un technicien non spécialisé au laboratoire de biologie médicale ou directement au cabinet médical.

3- La biologie moléculaire :

La détection des génomes viraux par la technique de PCR (Polymerase Chain Reaction) :

L’amplification du génome des virus respiratoires par PCR tend à devenir la nouvelle technique diagnostique de référence, notamment grâce à la diffusion des techniques de PCR en temps réel.

Les techniques de PCR classiques (RT-PCR pour les virus à ARN) : Ces techniques de PCR sont très sensibles mais il existe un risque de faux positifs par contamination des échantillons, notamment au niveau de la deuxième étape de révélation

La technique de PCR temps réel : Avantages : elle évite les contaminations, elle est quantitative et elle est très facilement automatisable, et rapide.

Les techniques de PCR multiplex : c’est-à-dire que dans un même tube plusieurs génomes viraux sont détectés (près de 14 esp) grâce à la présence d’un mélange d’amorces et de sondes spécifiques de plusieurs virus.

- La sensibilité des techniques de PCR est bien supérieure à celle de la culture cellulaire, en effet la PCR permet d’identifier plus du double d’infections respiratoires virales par rapport à la culture.

- Une PCR peut être positive en cas de portage du virus dans le tractus respiratoire, ne reflétant pas ainsi une infection active

- Chez le sujet immunocompétent : la PCR reste positive dans les sécrétions respiratoires environ dix jours en cas d’infection grippale et jusqu’à cinq semaines après une infection à rhinovirus, mais à distance de l’épisode aigu (plus d’un mois) les PCR sont négatives.

La détection des génomes viraux par la technique des puces à ADN :

Cette technique repose sur l’utilisation de « puces » ou « chips » qui sont des cartes contenant une membrane sur laquelle sont déposées des sondes à ADN spécifiques des virus recherchés

- La présence de l’hybridation est révélée après lecture informatisée de la puce.

Cette technologie est très prometteuse, elle permettrait en effet de rechercher en une seule analyse la présence de l’ensemble des virus connus pour être responsables de pathologie respiratoire en utilisant une puce comprenant des sondes spécifiques de chacun de ces virus.

4- Diagnostic par titrage des anticorps :

- La sérologie a peu d’indication en pratique clinique car elle fournit un diagnostic très tardif par rapport aux signes cliniques ➔ intérêt séro-épidémiologique

- Le diagnostic peut être établi sur l’examen de deux sérums, prélevés à au moins 10 jours d’intervalle, à la recherche d’une séroconversion ou une augmentation du titre des anticorps d’au moins 4 dilutions.

- Les méthodes sérologiques sont insuffisamment sensibles et les adultes sont souvent porteurs d’anticorps contre ces virus.


Ⅴ. Traitement des IRV

- La prise en charge des IRV est essentiellement symptomatique : oxygénothérapie, kinésithérapie et corticothérapie. L’hospitalisation est discutée selon l’âge et les critères de gravité.

- Le traitement antibiotique et une prophylaxie contre les surinfections bactériennes secondaires ne sont pas recommandés.

- Les infections respiratoires sévères à VRS, VPI et les coronavirus font l’objet de traitements par aérosol de Ribavirine.

- L’efficacité de ce traitement est discutée et en pratique il est réservé aux formes très sévères.

Pour la grippe :

Le Zanamivir et l’Oseltamivir : Ce sont des inhibiteurs de la neuraminidase des virus de la grippe A comme de la grippe B. Leur administration dans les deux jours suivant le début des signes permet d’atténuer la maladie et d’en raccourcir la durée. Ces médicaments ont peu d’effets secondaires ou de contre-indications. Leur usage est en général réservé aux formes graves, ou sur terrains fragilisés. Ils sont peu utilisés dans la grippe commune. L’émergence de résistance sous traitement a été décrite surtout chez les immunodéprimés.

La Rimantadine : C'est une substance antivirale qui agit sur la pénétration et la décapsidation des virus, par voie orale. Sa cible est la protéine de matrice M2 qui tapisse intérieurement l'enveloppe virale. Elle est active sur les souches de grippe A mais non de grippe B et surtout à titre préventif

L’oseltamivir est utilisable en traitement prophylactique chez les cas contact. Il permet de prévenir (ou de limiter) les symptômes. Il est indiqué chez les sujets à risque ayant été en contact avec un sujet infecté.

IV - PREVENTION :

- Mesures générales d’hygiène (lavage des mains, isolement des malades….)

- Des anticorps monoclonaux humanisés dirigés contre un épitope de la protéine de fusion du VRS sont commercialisés (Palivizumab) réservées exclusivement aux enfants à haut risque de développer une infection sévère à VRS, c’est à dire les nourrissons de moins de 6 mois nés prématurément ou les enfants de moins de 2 ans ayant une dysplasie broncho-pulmonaire.

- Adénovirus : Il n’existe pas de vaccin pour la population générale, mais un vaccin vivant oral est utilisé par l’armée américaine pour limiter l’incidence des infections respiratoires (sérotypes 4 et 7)

- Vaccin antigrippal :

Les vaccins contre la grippe comportent :

- Des vaccins inactivés trivalents, qui comportent les trois souches majoritaires : une souche A/H1N1 (variant pandémique), une souche A/H3N2 et une souche B (Yamagata ou Victoria). Sa composition virale est adaptée chaque année selon les recommandations de l’OMS, en fonction des données de la surveillance des variants en circulation, afin de protéger au mieux vis-à-vis des virus épidémiques. La vaccination doit être renouvelée chaque année. La seule contre-indication est l’allergie aux protéines d’œufs ;

- Des vaccins inactivés quadrivalents, qui comportent les souches des deux lignages de grippe B (Yamagata et Victoria) ;

- Des vaccins vivants atténués quadrivalents. Ils s’administrent par voie nasale et sont indiqués à la place du vaccin inactivé chez les enfants et adolescents de 24mois à 17ans.

Cette vaccination n’est pas obligatoire, mais elle est actuellement recommandée chez les sujets à risque, en particulier :

  • ⚏ Chez les sujets âgés de plus de 65 ans
  • ⚏ Chez les patients atteints de pathologies chroniques, y compris les enfants à partir de 6 mois et les femmes enceintes, notamment affections cardio-pulmonaires, rénales, diabétiques, immunodépression…
  • ⚏ Chez les femmes enceintes quel que soit le trimestre de la grossesse
  • ⚏ Chez les obèses IMC > 40 kg/m²
  • ⚏ Chez les personnes séjournant dans un établissement de long ou moyen séjour
  • ⚏ Chez les enfants dont l’état de santé nécessite un traitement prolongé par l’aspirine
  • ⚏ Chez les personnes susceptibles de disséminer le virus (notamment les personnels de soin et parents d’enfants de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque)

CONCLUSION :

La gamme des virus susceptibles d’agresser l’épithélium respiratoire et de provoquer des maladies respiratoires s’élargit de plus en plus, l’identification rapide de l’étiologie virale de l’infection respiratoire par des techniques de plus en plus performantes permet de limiter les hospitalisations et la surconsommation des antibiotiques et de prendre les mesures préventives nécessaires.