À côté de ces virus, des virus émergents le plus souvent issus d’une recombinaison génétique entre
un virus
animal et un virus humain de la même famille tels que le SARS et le MERS
-CoV sont une source de préoccupation
majeure
☵ Famille : Orthomyxoviridae
☵ Genres : Influenzavirus A, B, C
- Les virus infuenza de type A sont, eux seuls, divisés en
sous-types en fonction des différentes sortes et
associations de protéines de surface du virus.
• Structure du virus de la grippe
:
- Les virus grippaux sont des virus enveloppés, de forme sphérique, ovale ou allongée, possédant
une
nucléocapside à symétrie hélicoïdale.
- Les deux types de glycoprotéines virales de surface, l’hémagglutinine (H) et
le neuraminidase (N) , sont insérés sur
l’enveloppe issue de la membrane de la cellule hôte.
- Le génome viral est un ARN monocaténaire, de polarité négative, segmenté comprenant 8
segments pour les
virus de type A et B et 7 segments pour le virus de type C, correspondant chacun à un
gène. Les segments d’ARN
codent 8 ou 10 polypeptides dont la plupart sont des protéines structurales.
• Mécanismes de variation des virus grippaux
:
☰ Les glissements antigéniques (drift) :
modifications mineures favorisées par l’instabilité génétique de l’ARN et le
caractère infidèle des ARN polymérases virales (pas de mécanisme de relecture ni de correction
d’erreur). Ils
résultent du changement ponctuel de quelques bases nucléiques dans le gène correspondant
à l’hémagglutinine ou/et le gène correspondant à la neuraminidase (2 ou 3 par an). Par
glissement, apparaissent à
l’intérieur du même sous-type, H3N2 par exemple, toute une série de variants qui s’éloignent
progressivement de la
souche d’origine.
- Ces modifications antigéniques mineures donnent, non pas des pandémies mais, tous les ans ou
tous les deux ans,
des épidémies limitées touchant une fraction seulement de la population.
- Les glissements antigéniques concernent les virus influenza A et les virus influenza B.
☰ Les cassures antigéniques ou sauts (shift):
correspondent à des remaniements génétiques beaucoup plus importants
que des mutations ponctuelles. Ce sont des « réassortiments » génétiques, c’est à dire des
échanges complets de
gènes entiers. Ces échanges portant sur les gènes de l’hémagglutinine et/ou de la neuraminidase
se font avec des
virus influenza A animaux. Les sauts aboutissent à l’apparition de nouveaux sous-types à
l’intérieur du type A et
créant une pandémie
- Ces modifications antigéniques majeures ne concernent que les virus de type A.
• Réservoirs des virus grippaux
:
L’homme est le principal hôte naturel des virus grippaux de type B et C alors que le type A se
retrouve chez de
nombreuses espèces animales comme les mammifères mais surtout les oiseaux. Ce sont
principalement les
oiseaux aquatiques, chez lesquels ont été retrouvés les 15 types d’HA et les 9 types de NA, qui
constituent le
réservoir des virus grippaux de type A.
• Transmission des virus grippaux
:
- Les virus grippaux pénètrent dans l’organisme par voie respiratoire, au niveau du
rhino-pharynx.
Ils se transmettent facilement par voie aérosol, au moyen de microgouttelettes et de particules
excrétées par un
patient infecté lorsqu’il tousse, éternue ou parle.
- Les virus peuvent également être transmis par l’intermédiaire des mains (type de transmission
appelé
"manuportage")
• Épidémiologie des virus grippaux
:
- La grippe peut sévir selon 3 modes : sporadique, épidémique et pandémique.
- Les virus grippaux de type A et B sont à l’origine des épidémies saisonnières chez l’homme.
- La grippe sévit généralement en hiver dans les pays tempérés mais les virus grippaux circulent
toute l’année dans
les pays tropicaux et sub-tropicaux.
- Seuls les virus de type A sont responsables des pandémies, dues à l’apparition d’un nouveau
sous-type de virus
grippal de type A (suite à une modification génétique majeure), pour lequel la majorité de la
population est
immunologiquement naïve.
- Le plus haut risque de complications concerne les femmes enceintes, les enfants de 6 à 59
mois, les personnes
âgées et les individus de tout âge présentant certaines affections chroniques, telles que le
VIH/sida, l’asthme, ou
des cardiopathies ou pneumopathies chroniques, ainsi que les agents de santé.
La grippe pandémique :
- - La pandémie de 1918 dite « grippe espagnole », la plus sévère, due au sous-type H1N1, a
touché le
monde entier et a été responsable de 20 à 50 millions de morts entre 1918 et 1919 ;
- - La « grippe asiatique » en 1957, due au sous-type H2N2 ;
- - La « grippe de Hong Kong » en 1968 due au sous-type H3N2.
- - En 2009, date de la dernière pandémie grippale, le virus responsable était un nouveau
variant de soustype
H1N1, résultant d’échanges
génétiques appelés réassortiments entre un virus humain de sous-type H3N2,
un virus aviaire et deux virus porcins. Depuis 2009 ce virus A(H1N1)pdm09 a remplacé les
précédents virus A(H1N1) et est responsable, avec les virus A(H3N2) et les virus de type B,
des épidémies
saisonnières.
• Pouvoir pathogène des virus grippaux
:
- Après une période d’incubation de 1 à 3 jours, la grippe saisonnière se caractérise par
l’apparition brutale d’une forte
fièvre, de toux (généralement sèche), de céphalées, de douleurs musculaires et articulaires, de
malaise général, de
maux de gorge et d’écoulement nasal. La toux peut être grave et durer jusqu’à 2 semaines et
plus.
- La guérison se fait de façon spontanée en une semaine
- Les complications possibles : surinfections bactériennes broncho-pulmonaires, pneumopathie
sévère,
décompensation d’une insuffisance cardiaque ou respiratoire, encéphalite, myocardite,
péricardite…
☵ Famille : Paramyxoviridae
☵ Sous famille : Paramyxovirinae
Chez l’homme, on retrouve quatre représentants de ces virus dans le cadre des infections virales
communautaires,
identifiés PIV-1 à PIV-4 :
☵ Genre : Respirovirus Espèces : parainfluenza humain type 1
et 3
☵ Genre : Rubulavirus Espèces : parainfluenza humain type 2
et 4 (4A,4B)
• Structure
Les virus sont des virus pléiomorphes formés :
- - D’une enveloppe externe couverte de spicules : glycoprotéine HN d'attachement (gp HN) et
la gp de
fusion F. Pour le VPI3, la protéine HN comporte six sites antigéniques, dont trois sont
impliqués dans les
activités neutralisantes et hémagglutinantes et un dans l'activité neuraminidasique, et la
protéine F huit
sites antigéniques.
- - D’une nucléocapside hélicoïdale interne.
- - D’un ARN de 6 ou 7 gènes monocaténaire de polarité négative non segmenté.
• Modes de transmission
- Les PIV sont des virus très contagieux. Dans les collectivités d’enfants, l’infection atteint
rapidement 40 à 70 % des
enfants avec les virus parainfluenza 1 ou 2, et 100 % avec le virus parainfluenza 3.
- Les PIV se transmettent par inhalation des particules virales, soit directement au contact d’un
sujet infecté (ou
réinfectés) et ceci pendant au moins 5 à 7 jours (émission d’aérosols par la toux, les
éternuements ou la parole), soit
par contact manuporté.
• Epidémiologie :
- Les infections par les PIV sont fréquentes. Elles surviennent dans la petite enfance : 75-80%
des enfants ont été en
contact avec un PIV avant l’âge de 5 ans. L’infection par ces virus n’étant pas immunisante, les
réinfections sont
fréquentes tout au long de la vie.
- PIV-3 est le plus prévalent des PIV. Les infections à virus para-influenza 3 sont endémiques et
surviennent
régulièrement chaque année, en nombre variable, avec une prédominance en hiver et au printemps
- PIV-1 et PIV-2, moins prévalents, sont détectés de manière ponctuelle mais peuvent être à
l’origine de petites
épidémies automnales.
- Les caractéristiques épidémiologiques de PIV-4, le moins fréquent des PIV, ne sont pas connues.
• Pouvoir pathogène :
- Après une incubation de 3 à 5 jours, la maladie débute par une rhinite qui s'étend fréquemment
aux voies aériennes
inférieures, et notamment au larynx avec les VPI1 et 2 (laryngotrachéites aiguës suffocantes) et
aux bronches avec le
VPI3 (bronchiolites).
- Le VPI3 est responsable de 45% des infections à virus parainfluenza de l’enfant et la
quasi-totalité des atteintes du
nourrisson.
- Les infections à VPI4, sont classiquement rares : rhinopharyngites banales.
- Des pneumopathies à VPI s'observent chez les adultes et les sujets immunodéprimés, et notamment
les greffés de
moelle peuvent développer des infections sévères à VPI.
D- Rhinovirus
☵ Famille : Picornaviridae
☵ Sous famille : Enterovirus
• Structure
- Les rhinovirus sont des petits virus nus à capside icosaédrique à symétrie cubique. Le génome
des rhinovirus est
un simple brin d’ARN positif.
- Une grande diversité génétique caractérise les rhinovirus. Trois espèces sont rapportées :
RV-A, -B et –C
regroupant 80 sérotypes RV-A, 32 sérotypes RV-B et 55 sérotypes RV-C.
- Les RV-C ne sont pas détectés par les méthodes traditionnelles d’identification virale comme la
culture cellulaire
ou le sérotypage.
• Modes de transmission
- Les enfants constituent le réservoir principal des RV avec 8 à 12 infections par an alors que
les adultes sont
infectés 2 à 3 fois par an.
- La transmission est interhumaine (pathogènes strictement humains) par voie aérienne
(gouttelettes,
sécrétions nasopharyngées en aérosol). La transmission peut être aussi indirecte via les mains
et les objets contaminés (virus résistants = capables de survivre pendant des heures à des jours
à température ambiante sur des
surfaces et le milieu extérieur et sur une peau non lésée pendant 2 h).
• Epidémiologie
A la différence du VRS et des virus grippaux, les RV peuvent être responsables d’infections
respiratoires tout au long
de l’année, le pic d’incidence a lieu en début d’automne et au printemps dans les climats
tempérés.
• Pouvoir pathogène
- Les rhinovirus demeurent les principaux agents responsables du rhume (responsables de la moitié
à 2/3 des rhumes
communs) avec une incubation de 2 jours et des symptômes durant de 7 à 14 jours.
- Les RV sont habituellement restreints au tractus respiratoire supérieur, impliqués dans des
congestions nasales, des
rhinorrhées, toux, éternuements, pharyngites, sinusites, céphalées.
- Les infections asymptomatiques sont courantes particulièrement chez les enfants (12 à 30% chez
les enfants de
moins de 4 ans).
- Des complications à titre d’OMA se manifestent dans 30% des rhumes à RV.
- Les rhinovirus sont impliqués dans des pneumopathies et autres bronchites et bronchiolites
(deuxième agent
étiologique de bronchiolite après le VRS).
- Les rhinovirus sont des agents d’infections nosocomiales.
E- Adenovirus
☵ Famille : Adenoviridae
☵ Genre : Mastadenovirus
- Il s'agit d'un virus nu à capside icosaedrique. Les principales protéines constitutives de la
capside sont l’hexon (sur les
faces), le penton (sommets) et la fibre (spicules).
- Le génome des adénovirus est un ADN bicaténaire
Les adénovirus les plus rencontrés en pathologie respiratoire sont les espèces B (sérotypes 3,
7, 14 et 21), les espèces
C (sérotypes 1, 2 et 5) et les espèces E (sérotype 4) (source :
Human Adenovirus Associated with Severe Respiratory
Infection, Oregon, USA, 2013–2014)
- Le virus pénètre par endocytose après liaison à divers récepteurs : récepteur CAR (coxsackie
adenovirus receptor),
glycoprotéine CD46 (régulation du système complément), acide sialique. Sa réplication est
intra-nucléaire. Sa
libération est associée à la destruction de la cellule.
- Les infections respiratoires à adénovirus se transmettent surtout par contact direct ou
indirect avec les sécrétions
respiratoires (aérosol, mains sales)
- Les infections les plus fréquentes sont celles des voies aériennes supérieures et des muqueuses
supérieures
(pharyngites) avec possibilité d’adénopathies.
2. Virus respiratoires émergents
- Qu’ils s’agissent de virus nouvellement apparus dans la population humaine, de virus déjà
présents mais
nouvellement identifiés ou de virus connus exprimant des propriétés épidémiologiques
inattendues.
A- Coronavirus
☵ Famille : Coronaviridae
☵ Genre : Coronavirinae
On connaît à ce jour 7 espèces de coronavirus capables d’infecter l’humain : 4 espèces
(HCoV-229E, HCoV-NL63,
HCoV-OC43 et HCoV-HKU1) à circulation ubiquitaire et saisonnière, entraînant des tableaux
cliniques le plus souvent
bénins chez l’immunocompétent ; et 3 autres espèces, dites émergentes, provoquant des infections
sévères :
- - Le SARS-CoV, aujourd’hui disparu,
- - Le MERS-CoV dont la circulation zoonotique, liée à son hôte animal le dromadaire, est
quasiment
restreinte à la péninsule arabique.
- - Le SARS-CoV 2
Les coronavirus sont grossièrement sphériques munis d'une enveloppe virale ayant une capside
d'une symétrie
hélicoïdale et un génome à ARN monocaténaire linéaire non segmenté de sens positif. La taille
génomique du
virus varie entre 26 et 32 kilobases.
Leur enveloppe porte à sa surface de hautes projections formées de la protéine de surface S
(spike) et disposées en
couronne, d’où le préfixe « corona ». La protéine S est une protéine de fusion de type I
organisée en trimères.
a. Le coronavirus du syndrome aigu respiratoire sévère (SARS-COV)
:
- Son émergence est survenue dans le sud de la Chine, fin 2002. Le premier cas de SARS a pu être
daté au 16
novembre 2002. Fin mars 2003, le SARS-CoV a été responsable de l’épidémie de pneumopathie
atypique qui a
touché une trentaine pays de novembre 2002 à juillet 2003.
- Au total, fin 2003, l’OMS a chiffré à 8 096 le nombre de cas probables d’infections par le
SARS-CoV, et à 774 le
nombre de décès liés. Le taux de mortalité global se situe aux environs de 10%.
- Des enquêtes détaillées ont révélé que le SARS-CoV se transmettait de la civette à l’homme.
- Le SARS-CoV se transmet de façon prédominante par voie respiratoire par l’intermédiaire de «
gouttelettes »
émises par le patient infecté, la contamination nécessite un contact prolongé et répété avec un
malade
présentant une symptomatologie pulmonaire.
- Après une période d’incubation allant de 1 à 14 j (médiane 4,6 j) et se présentant comme un
syndrome
pseudogrippal, l’évolution clinique est spontanément résolutive après la 1re semaine pour 80%
des patients. Les
20% restants évoluent vers un SDRA nécessitant une hospitalisation en soins intensifs et une
ventilation
mécanique.
b. Le coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient
(MERS-CoV):
- Le MERS-CoV est un variant de coronavirus hautement pathogène découvert en 2012.
- Entre avril 2012 et août 2018, 2 229 cas d’infections par le MERS-CoV confirmées au
laboratoire ont été
déclarés, dont 83% survenus en Arabie Saoudite.
- Le modèle épidémiologique proposé reste inchangé : le MERS-CoV est un virus zoonotique, avec
des introductions
répétées dans la population humaine via des contacts directs ou indirects avec des dromadaires
infectés de la
péninsule arabique.
- Chez les humains, le virus a un fort tropisme pour les cellules épithéliales bronchiques non
ciliées, et il a été
montré qu'il échappe facilement aux réponses du système immunitaire.
- Les symptômes de l'infection par MERS-CoV peuvent être l'insuffisance rénale aiguë et une
pneumonie aiguë
sévère, qui aboutissent souvent à une issue fatale.
c . Le nouveau coronavirus du syndrome aigu respiratoire sévère
(SARS-CoV 2) :
B- Métapneumovirus
☵ Famille : Paramyxoviridae
☵ Sous famille : Pneumovirinae
☵ Genre : Métapneumovirus
- Le métapneumovirus humain (hMPV) a été découvert en 2001 dans le nez de jeunes enfants atteints
d’infection
respiratoire aiguë
- Sur le plan génétique, le HMPV est proche du virus respiratoire syncytial (VRS). Il présente
deux génotypes majeurs A
et B, eux-mêmes subdivisés en deux sous-groupes.
- Le HMPV est présent dans le monde entier. Dans les pays tempérés, le virus circule
essentiellement à la fin de l’hiver
et au début du printemps. Le pic d’incidence du HMPV peut être contemporain de celui du VRS et
les co-infections
sont fréquentes.
- La prévalence du HMPV dans les infections du tractus respiratoire est de 5 à 15 %. Il occupe
le deuxième rang des
étiologies derrière le VRS dans les bronchiolites et pneumonies des jeunes enfants.
- La population cible est représentée par les enfants de moins de cinq ans.
- Le portage asymptomatique du virus est rare. Le HMPV est un agent étiologique important
d’infections respiratoires
basses et hautes.
- Des réinfections sont possibles au cours de la vie chez les patients plus âgés avec le plus
souvent une expression
clinique minime.
C- Bocavirus humain :
☵ Famille : Parvoviridae
☵ Genre : Bocaparvovirus
- Le HBoV a été identifié à partir de sécrétions nasopharyngées d’enfants souffrant d’infection
respiratoire aiguë.
4 génotypes ont été décrits : le génotype 1 est impliqué dans les infections respiratoires, le
plus souvent en
association avec d’autres virus respiratoires alors que les autres types sont retrouvés
essentiellement dans les
Selles.
- Le virus peut être détecté toute l’année mais son incidence maximale est observée en hiver et
au début du
printemps.
- Les tableaux cliniques associés à l’infection à HBoV chez le jeune enfant vont de l’atteinte
respiratoire mineure à la
bronchiolite sévère ou la pneumopathie.
D- Hantavirus :
- Le syndrome pulmonaire à hantavirus (hantavirus pulmonary syndrome [HPS]) est causé par
différents hantavirus
infectant diverses espèces de souris sylvestres.
- Les Hantavirus sont des virus de la famille des Bunyaviridae responsables de fièvres
hémorragiques avec syndrome
rénal.
- Les patients atteints ont présenté un syndrome grippal évoluant vers des signes respiratoires
sévères entraînant un
décès dans environ 40 % des cas.
E- Virus Handra et Nipah :
☵ Famille : Paramixoviridae
☵ Genre : Henipavirus
|
Réservoir |
Hôte intermédiaire |
Virus Handra |
Chauve-souris |
Cheval
|
Virus Nipah |
Chauve-souris |
Porc |
3. AUTRES :
- Sur le terrain particulier de l’immunodépression, qui favorise la réactivation et l’expression
clinique des virus
latents, des virus « opportunistes » peuvent provoquer des pneumonies : le cytomégalovirus
(CMV), certains
adénovirus.
- Enfin, il faut mentionner les complications pulmonaires de certaines viroses systémiques,
rougeole ou varicelle
notamment, et les trachéobronchites post-chirurgicales à virus herpès simplex (HSV),
Ⅳ. Diagnostic Virologique des IRV
A- Indications :
Le diagnostic virologique des infections respiratoires communautaires reste actuellement réservé
aux infections
sévères nécessitant une hospitalisation. En effet, dans ce contexte, le diagnostic virologique
va aider à la prise en
charge en permettant :
- Un diagnostic différentiel entre étiologie virale et bactérienne et donc éviter une
antibiothérapie
potentiellement injustifiée
- D’appliquer les mesures d’isolement strict tant que le malade excrète du virus afin de lutter
contre les
infections nosocomiales.
- La surveillance des infections grippales (vérification de l’efficacité d’un vaccin)
B- Prélevemts :
- Le prélèvement de choix pour réaliser le diagnostic d’une infection respiratoire virale est le
lavage–aspiration
nasale (aspiration nasopharyngée) à l’aide d’un dispositif stérile (les cellules cylindriques
ciliées sont le siège
électif de la réplication virale) => infections respiratoires hautes.
- Un prélèvement par écouvillonnage nasal est une alternative, mais de faible sensibilité.
- Les virus peuvent aussi être recherchés dans des prélèvements pulmonaires notamment dans des
liquides de
lavage broncho-alvéolaire, les sécrétions trachéales ou bronchiques ou des fragments biopsiques
=> infections
respiratoires basses.
- En raison de la fragilité des virus enveloppés et des cellules infectées dans le milieu
extérieur, les prélèvements
peuvent être transmis tels quels si leur acheminement est rapide (< 2 heures). Sinon, ils
doivent être placés dans un milieu de transport virologique, et conservés au froid, à 4 °C,
pour un transport n’excédant pas 24 à 48 heures, au moins pour les recherches virales en IF
ou culture.
- Si l’échantillon doit être congelé, la technique d’IF ne sera plus
praticable. La température de congélation doit
être inférieure à –70 °C pour maintenir les virus viables, mais une conservation à –20°
suffit pour une recherche
des acides nucléiques viraux.
- La précocité du prélèvement par rapport au début clinique est essentielle, quel que soit le
virus.
C - Outils de diagnostic :
1- La culture cellulaire :
- Méthode de diagnostic de référence des infections respiratoires virales.
Principe : consiste à inoculer les prélèvements respiratoires sur une nappe
cellulaire et à observer l’apparition
d’un effet cytopathogène lié à la multiplication virale.
- Chaque virus a un tropisme cellulaire propre :
- - Les virus grippaux : cellules MDCK (rein de chien),
- - Les VRS et les adénovirus : les fibroblastes embryonnaires de poumon d’origine humaine,
- - les Entérovirus : cellules RD.
- - Les virus parainfluenza: les cellules Hep-2.
- Technique longue (retard diagnostic) et couteuse.
2- Détection directe des antigènes viraux :
Ces techniques reposent sur la mise en évidence des protéines virales directement dans les
prélèvements.
L’avantage majeur de ces techniques par rapport à la culture cellulaire est qu’elles peuvent
être pratiquées sur un
prélèvement dans lequel les virus sont inactivés.
Deux types de techniques sont très utilisés :
L’immunofluorescence directe :qui consiste à détecter la présence d’antigènes
viraux dans les
prélèvements à l’aide d’anticorps monoclonaux spécifiques liés à la fluorescéine.
Lecture des lames au microscope à fluorescence : Recherche d’inclusions vertes dans les cellules
infectées.
Inconvénients :
- Cette technique doit être réalisée par un technicien expérimenté (lecture délicate), implique
l’utilisation
d’un microscope à fluorescence et reste réservée aux laboratoires spécialisés.
- Cette technique doit être réalisée par un technicien expérimenté (lecture délicate), implique
l’utilisation
d’un microscope à fluorescence et reste réservée aux laboratoires spécialisés.
L’immunochromatographie sur membrane : consiste à détecter la présence
d’antigènes viraux à l’aide
d’anticorps spécifiques (anti-VRS, anti-adéno ou antigrippaux) adsorbés sur la membrane
- 3 tests rapides principaux sont disponibles pour le diagnostic de la grippe
- 6 tests rapides sont disponibles pour le diagnostic de l’infection par le VRS.
Ces tests rapides permettent d’obtenir un résultat en 10 à 30 minutes, ne nécessitent pas la
présence de cellules
respiratoires intactes dans le prélèvement, et peuvent être pratiqués par un technicien non
spécialisé au
laboratoire de biologie médicale ou directement au cabinet médical.
3- La biologie moléculaire :
La détection des génomes viraux par la technique de PCR (Polymerase Chain Reaction)
:
L’amplification du génome des virus respiratoires par PCR tend à devenir la nouvelle technique
diagnostique de
référence, notamment grâce à la diffusion des techniques de PCR en temps réel.
Les techniques de PCR classiques (RT-PCR pour les virus à ARN)
: Ces techniques de PCR sont très
sensibles mais il existe un risque de faux positifs par contamination des échantillons,
notamment au niveau de la
deuxième étape de révélation
La technique de PCR temps réel : Avantages : elle évite les contaminations,
elle est quantitative et elle
est très facilement automatisable, et rapide.
Les techniques de PCR multiplex : c’est-à-dire que dans un même tube plusieurs
génomes viraux sont
détectés (près de 14 esp) grâce à la présence d’un mélange d’amorces et de sondes spécifiques de
plusieurs virus.
- La sensibilité des techniques de PCR est bien supérieure à celle de la culture cellulaire, en
effet la PCR permet
d’identifier plus du double d’infections respiratoires virales par rapport à la culture.
- Une PCR peut être positive en cas de portage du virus dans le tractus respiratoire, ne
reflétant pas ainsi une
infection active
- Chez le sujet immunocompétent : la PCR reste positive dans les sécrétions respiratoires
environ dix jours en cas
d’infection grippale et jusqu’à cinq semaines après une infection à rhinovirus, mais à distance
de l’épisode aigu
(plus d’un mois) les PCR sont négatives.
La détection des génomes viraux par la technique des puces à ADN :
Cette technique repose sur l’utilisation de « puces » ou « chips » qui sont des cartes contenant
une membrane sur
laquelle sont déposées des sondes à ADN spécifiques des virus recherchés
- La présence de l’hybridation est révélée après lecture informatisée de la puce.
Cette technologie est très prometteuse, elle permettrait en effet de rechercher en une seule
analyse la
présence de l’ensemble des virus connus pour être responsables de pathologie respiratoire en
utilisant une puce
comprenant des sondes spécifiques de chacun de ces virus.
4- Diagnostic par titrage des anticorps :
- La sérologie a peu d’indication en pratique clinique car elle fournit un diagnostic très
tardif par rapport aux signes
cliniques ➔ intérêt séro-épidémiologique
- Le diagnostic peut être établi sur l’examen de deux sérums, prélevés à au moins 10 jours
d’intervalle, à la
recherche d’une séroconversion ou une augmentation du titre des anticorps d’au moins 4
dilutions.
- Les méthodes sérologiques sont insuffisamment sensibles et les adultes sont souvent porteurs
d’anticorps contre
ces virus.
Ⅴ. Traitement des IRV
- La prise en charge des IRV est essentiellement symptomatique : oxygénothérapie, kinésithérapie
et
corticothérapie. L’hospitalisation est discutée selon l’âge et les critères de gravité.
- Le traitement antibiotique et une prophylaxie contre les surinfections bactériennes
secondaires ne sont pas
recommandés.
- Les infections respiratoires sévères à VRS, VPI et les coronavirus font l’objet de traitements
par aérosol
de Ribavirine.
- L’efficacité de ce traitement est discutée et en pratique il est réservé aux formes très
sévères.
Pour la grippe :
Le Zanamivir et l’Oseltamivir : Ce sont des inhibiteurs de la neuraminidase des virus de la
grippe A
comme de la grippe B. Leur administration dans les deux jours suivant le début des signes permet
d’atténuer la maladie et d’en raccourcir la durée. Ces médicaments ont peu d’effets secondaires
ou de
contre-indications. Leur usage est en général réservé aux formes graves, ou sur terrains
fragilisés. Ils sont peu utilisés dans la grippe commune. L’émergence de résistance sous
traitement a été décrite surtout
chez les immunodéprimés.
La Rimantadine : C'est une substance antivirale qui agit sur la pénétration et la décapsidation
des virus,
par voie orale. Sa cible est la protéine de matrice M2 qui tapisse intérieurement l'enveloppe
virale. Elle
est active sur les souches de grippe A mais non de grippe B et surtout à titre préventif
L’oseltamivir est utilisable en traitement prophylactique chez les cas contact. Il permet de
prévenir (ou de
limiter) les symptômes. Il est indiqué chez les sujets à risque ayant été en contact avec un
sujet infecté.
IV - PREVENTION :
- Mesures générales d’hygiène (lavage des mains, isolement des malades….)
- Des anticorps monoclonaux humanisés dirigés contre un épitope de la protéine de fusion du VRS
sont
commercialisés (Palivizumab) réservées exclusivement aux enfants à haut risque de développer une
infection sévère à VRS, c’est à dire les nourrissons de moins de 6 mois nés prématurément ou les
enfants
de moins de 2 ans ayant une dysplasie broncho-pulmonaire.
- Adénovirus : Il n’existe pas de vaccin pour la population générale, mais un vaccin vivant oral
est utilisé par
l’armée américaine pour limiter l’incidence des infections respiratoires (sérotypes 4 et 7)
- Vaccin antigrippal :
Les vaccins contre la grippe comportent :
- Des vaccins inactivés trivalents, qui comportent les trois souches majoritaires : une souche
A/H1N1 (variant
pandémique), une souche A/H3N2 et une souche B (Yamagata ou Victoria). Sa composition virale est
adaptée
chaque année selon les recommandations de l’OMS, en fonction des données de la surveillance des
variants
en circulation, afin de protéger au mieux vis-à-vis des virus épidémiques. La vaccination doit
être renouvelée
chaque année. La seule contre-indication est l’allergie aux protéines d’œufs ;
- Des vaccins inactivés quadrivalents, qui comportent les souches des deux lignages de grippe B
(Yamagata et
Victoria) ;
- Des vaccins vivants atténués quadrivalents. Ils s’administrent par voie nasale et sont
indiqués à la place du
vaccin inactivé chez les enfants et adolescents de 24mois à 17ans.
Cette vaccination n’est pas obligatoire, mais elle est actuellement recommandée chez les sujets à
risque, en
particulier :
- ⚏ Chez les sujets âgés de plus de 65 ans
- ⚏ Chez les patients atteints de pathologies chroniques, y compris les enfants à
partir de 6 mois et les femmes
enceintes, notamment affections cardio-pulmonaires, rénales, diabétiques, immunodépression…
- ⚏ Chez les femmes enceintes quel que soit le trimestre de la grossesse
- ⚏ Chez les obèses IMC > 40 kg/m²
- ⚏ Chez les personnes séjournant dans un établissement de long ou moyen séjour
- ⚏ Chez les enfants dont l’état de santé nécessite un traitement prolongé par
l’aspirine
- ⚏ Chez les personnes susceptibles de disséminer le virus (notamment les personnels de
soin et parents
d’enfants de moins de 6 mois présentant des facteurs de risque)
CONCLUSION :
La gamme des virus susceptibles d’agresser l’épithélium respiratoire et de provoquer des
maladies respiratoires
s’élargit de plus en plus, l’identification rapide de l’étiologie virale de l’infection
respiratoire par des techniques de
plus en plus performantes permet de limiter les hospitalisations et la surconsommation des
antibiotiques et de
prendre les mesures préventives nécessaires.