Ⅰ. Classification/ Structure
- Le virus de l’hépatite B (VHB) est un virus hépatotrope
appartenant au genre orthohepadnavirus au sein de la
famille des Hepadnaviridae.
☰ Les particules virales identifiées dans le sérum d’un sujet infecté sont schématiquement
de deux types :
- Les particules infectieuses ou particules de Dane circulent dans le sang
des patients infectés à une
concentration élevée (jusqu’à 10 9 virions par millilitre)
- Les particules sous virales ou incomplètes (SVPs, subviral particles) qui sont de
deux types :
Les particules non infectieuses sphériques ou en forme de filaments : Leur concentration
dans le sang
est 100 000 fois supérieure à celle des particules de Dane (10 14 particules/mL). Le
rôle majeur de ces
particules est de séquestrer les anticorps anti-VHB, bloquant ainsi leur effet neutralisant.
- Les particules vides dépourvues de génome (genome-free), qui contiennent la capside
virale et
l’enveloppe avec les glycoprotéines d’enveloppe. Leur concentration dans le sang est
1011particules/
mL. Leur fonction dans la physiopathologie de l’infection VHB reste à déterminer.
Il s’agit d’un virus enveloppé. L’enveloppe est le lieu d’ancrage des 3 glycoprotéines
d’enveloppe (Ag HBs).
La capside virale icosaédrique est formée de l’assemblage de 240 copies de la protéine de capside
[HBc Hepatitis
B core) ou HBc antigen (AgHBc)]. L’Ag HBc n’est pas détecté dans le sérum par les
techniques radioimmunologiques
standards.
Le génome du VHB est formé d’une molécule d’ADN circulaire partiellement
bicaténaire (bicaténaire sur ¾ de sa
circonférence). Le brin complet est de polarité négative (-) avec une polymérase liée de
façon covalente à son
extrémité 5’, tandis que le brin incomplet est de polarité positive (+).
Le génome du VHB est formé de 4 cadres ouverts de lecture partiellement
chevauchants :
☛ Le gène préS/S: contient 3 codons initiateurs ATG et code pour
trois protéines de surface (S ou protéine
majeure, PréS2/S ou protéine moyenne et PréS1/PréS2/S ou grande protéine).Dans les pays
à faible niveaux d'hygiène et sanitaire, la majorité des enfants de moins de 10 ans a déjà
été contaminée et sera donc immunisée à vie contre cette infection ; les épidémies à l'âge
adulte seront
ainsi rares.
☛ Le gène préC/C : possède 2 codons initiateurs ATG, ce qui permet la
synthèse de la protéine de capside
ou antigène HBc (AgHBc) et de la protéine HBe (AgHBe) sécrétée
dans la circulation sanguine.
☛ Gène P: représente plus de 80% du génome code l’ADN
polymérase, qui en plus de son activité d’ADN
polymérase possède une activité de transcriptase inverse (RT, reverse transcriptase) et de RNase
H.
☛ Le gène X codant pour la protéine X qui possède une fonction
transactivatrice sur des promoteurs VHB.
Ⅱ. Cycle de multiplication de l'hépatite B
☰ Il n’existe pas de système cellulaire permettant la culture du virus.
Le cycle de multiplication du VHB se déroule à la fois dans le cytoplasme et dans
le noyau des hépatocytes.
☛Attachement
- Le virion interagit dans un premier temps avec les héparanes sulfate (HS), et
ce avec une faible affinité.
- Ensuite le virus d’interagir avec une forte affinité avec la protéine NTCP (sodium taurocholate
cotransporting polypeptide), transporteur d’acides biliaires exprimé dans le foie, et ce par
l’intermédiaire
du domaine préS1 de la protéine majeure.
☛ Après pénétration, la nucléocapside contenant la forme circulaire relâchée de
l’ADN (ADNrc) est libérée
dans le cytoplasme et transporté vers le noyau.
☛ Le génome viral est ainsi libéré dans le nucléoplasme. Le brin positif est complété par
l’action de protéines
nucléaires impliquées dans la réparation de l’ADN et l’ADN circulaire relâché va être converti en
ADNccc
(covalently closed circular DNA) forme épisomale servant de matrice transcriptonnelle à l’ARN
polymérase II pour la synthèse des ARN messagers subgénomiques codant les protéines structurales et
de régulation et un ARN prégénomique (ARNpg) d’une taille supérieure à la longueur du génome.
NB. L’ADNccc est également la forme de persistance du VHB dans les hépatocytes et est peu
sensible à l’action
des antiviraux anti-VHB.
☛ L’ARNpg est transféré dans le cytoplasme et encapsidé avec la polymérase virale. La reverse
transcription
de l’ARNpg permet la synthèse du brin (-) d’ADN qui sert de matrice à la fabrication du brin (+)
grâce à
l’activité ADN polymérase de la polymérase virale.
☛ Après synthèse des brins de polarité négative et positive, la nucléocapside contient un ADN
circulaire
relâché partiellement double brin qui pourra, soit acquérir une enveloppe via le réticulum
endoplasmique
et/ou le compartiment intermédiaire pour être ensuite secrétée à l’extérieur des hépatocytes, soit
retourner vers le noyau pour augmente le pool d’ADNccc
Ⅲ. Modes de transmission et épidémiologie
Le virus de l’hépatite B est transmis par le sang ou d’autres fluides corporels (sperme et
sécrétions vaginales).
Il existe 3 principaux modes de transmission :
☛ Transmission sanguine : transfusion de sang ou de produits sanguins,
l’utilisation de matériel médical
contaminé lors de soins, l’usage de drogues injectables, le tatouage et le piercing.
☛ Transmission sexuelle : les comportements sexuels à risque représentent un mode
de transmission
fréquent.
☛Transmission verticale: de la mère à l’enfant par passage transplacentaire ou au
moment de
l’accouchement par contamination par le sang
- Le VHB est une maladie infectieuse largement répandue dans le monde : on estime à
environ 375 millions le
nombre de porteurs chroniques du VHB sur le globe.
- En 2016, 27 millions d’individus (10,5% de la population totale estimée de personnes vivant avec
l’hépatite B)
avaient connaissance de leur infection, tandis que 4,5 millions (16,7%) des personnes diagnostiquées
étaient sous
traitement.
- En 2017, 1,1 million de personnes ont été nouvellement infectées par le virus de l’hépatite B.
On distingue :
☛ Des régions à forte prévalence de l’Ag HBs (Afrique, Asie du Sud-Est) où 5 à 15
% de la population est
porteuse chronique du VHB ;
☛ Des régions à prévalence intermédiaire (Italie, Afrique du Nord, Espagne du Sud,
Grèce, Japon) où entre
2 et 5 % de la population générale est porteuse chronique du VHB.
☛ Des régions de prévalence faible (Europe du Nord et États-Unis) où 0,3 % de la
population générale est
porteuse chronique de l’Ag HBs.
Ⅳ. Variabilité génétique
- L’ADN polymérase du VHB, qui possède une fonction de transcriptase inverse commet de nombreuses
erreurs
(environ 1 erreur toutes les 100 000 paires de bases répliquées) qu’elle ne peut pas corriger car
elle est dépourvue
d’activité 3’-5’ exonucléase correctrice (activité de proofreading). Les substitutions
nucléotidiques s’accumulent
donc sur le génome au cours des cycles de réplication successifs et sont à l’origine de la
variabilité génétique du
VHB.
- La sélection de populations virales variantes au sein de groupes d’individus s’infectant entre eux
conduit à
l’émergence des génotypes (voire de sous-génotypes) du VHB. La variabilité génétique virale est
également
responsable, à l’échelon d’un individu infecté, de la distribution en quasi-espèces.
1- Génotypes :
- Les souches de VHB se répartissent en 10 génotypes (A à J), qui se distinguent
les uns des autres
par une différence
nucléotidique d’au moins 8% sur la totalité du génome virale et de 4% sur la région codant
l’AgHBs.
Au sein des
génotypes A à D et F, il existe un nombre varié de sous-génotypes.
- La distribution géographique des génotypes varie :
☛ Les génotypes A et D sont les plus fréquemment isolés en Europe et en Afrique.
☛ Les génotypes B et C circulent majoritairement en Asie,
☛ Le génotype E est le génotype majoritaire en Afrique Centrale et en Afrique de l’Ouest.
☛ Les génotypes F et H sont quasi exclusivement retrouvés en Amérique Latine et en Alaska.
☛ Le génotype G est régulièrement isolé en Europe et aux Etats-Unis.
- Les propriétés biologiques des différents génotypes pourraient influencer la progression de la
maladie hépatique
vers la cirrhose et le carcinome hépatocellulaire, et la réponse virologique au traitement par
l’interféron alpha
(ex : les génotypes A sont plus sensibles à l’action de l’interféron).
2- Distribution en quasi-espèces:
- Le VHB circule chez tout malade infecté sous la forme d’un mélange complexe en
équilibre instable de variants
viraux génétiquement distincts bien qu’apparentés et soumis à l’influence des pressions de sélection
exercées par
l’environnement réplicatif. Seuls les variants viraux les mieux adaptés à l’environnement réplicatif
persistent.
- La distribution en quasi-espèces du VHB a des conséquences sur :
☛ La virologie du virus comme la sélection des mutants précore et promoteur du core.
☛ La sélection de variants portant des substitutions amino acidiques au niveau de l’AgHBs.
☛ L’échec aux analogues nucléos(t)diques en sélectionnant de façon graduelle des variants
viraux résistants.
Ⅴ. Physiopathologie de l'hépatite B
Le tropisme du VHB est principalement hépatocytaire.
Des techniques d’hybridation ont identifié des séquences virales B dans le pancréas, la peau, le
sperme, le rein ou
les cellules mononucléées du sang périphérique. Cependant, les formes de réplication sont absentes
ou très
minoritaires dans les cellules non hépatocytaires.
Le VHB n’a que peu d’effet cytotoxique. La réponse immunitaire et en particulier l’immunité
cellulaire est à
l’origine de la lésion hépatocytaire.
- Une phase d'état caractérisée par l'hépatite biologique non nécessairement
associée à une quelconque
symptomatologie clinique.
Le VHB n’a que peu d’effet cytotoxique. La réponse immunitaire et en particulier l’immunité
cellulaire est à
l’origine de la lésion hépatocytaire.
- Les antigènes cibles sont les antigènes viraux (Ag HBc et à un moindre degré Ag HBs) exprimés sur
la membrane
des hépatocytes en association avec les molécules du CMH.
☛ Une réponse immunitaire adaptée entraînant la nécrose des hépatocytes infectés et
l’élimination du virus
→ Une hépatite aiguë bénigne
☛ Une réponse immunitaire trop forte induisant une destruction hépatocytaire massive → Une
hépatite
aiguë fulminante.
☛ Une réponse immunitaire faible et adaptée → Une infection asymptomatique et une
évolution vers la
guérison.
☛ Une réponse faible et inadaptée → Tolérance partielle avec réplication persistante et
atteinte hépatique
chronique : Une hépatite chronique.
☛ Une réponse nulle → Un portage chronique asymptomatique avec réplication virale.
Ⅵ. Histoire naturelle de l’infection par le VHB
1- Hépatite B aigue :
- La durée d’incubation varie de 1 à 3 mois. Elle est en moyenne de 10 semaines.
- L’hépatite aiguë B est généralement asymptomatique chez la plupart (60%) des
sujets contaminés. Elle est plus
fréquemment symptomatique (nausées, asthénie, anorexie, fièvre arthralgies et ictère) chez les
adolescents ou
les jeunes adultes.
- On note une perturbation du bilan hépatique avec une augmentation de l’activité sérique de
l’alanine
aminotransférase (ALAT) qui peut être supérieure à 10 fois la limite supérieure de la normale (LSN).
☰ Evolution : :
☛ Guérison spontanée dans 90 à 95% des cas.
☛ Infection chronique (5-10% des cas) chez les adultes, mais de façon beaucoup plus
fréquente chez les
enfants infectés tôt dans la vie (jusqu’à 90 % chez les nouveau-nés infectés à la naissance) ou
chez les
immunodéprimés (hémodialysés, transplantés et autres patients sous immunosuppresseurs, patients
infectés par le VIH...)
2- Hépatite fulminante :
- L’hépatite fulminante complique environ 1% des hépatites aiguës symptomatiques.
- Elle est définie par l’apparition d’une encéphalopathie hépatique associée à une diminution du
facteur V (<50%)
survenant dans les 15 premiers jours de l’ictère.
- L’hypothèse physiopathologique serait une réponse immune exacerbée, entraînant une destruction
massive des
hépatocytes infectés.
- La mortalité globale en l’absence de transplantation hépatique est d’environ 80%.
3- Hépatite B chronique :
- Le portage chronique du VHB est défini par la persistance
plus de 6 mois de l’antigène HBs auquel s’associent :
une réplication virale élevée (généralement >2 x 10
UI/mL), une augmentation permanente ou
intermittente des ALAT et une activité nécrotico-inflammatoire à l’examen histologique du foie.
- L’infection chronique par le VHB est classiquement décrite en 5 phases
qui ne sont pas nécessairement
séquentielles :
PHASE 1 : Infection chronique AgHBe-positif
|
- Anciennement dénommée « phase d’immunotolérance »
- Présence de l’AgHBe
- Une réplication virale très élevée (>10 7
UI/mL)
- Une activité sérique des ALAT inférieure à la LSN (<40 U/L)
- Atteinte hépatique : aucune ou minime du fait d’une réponse immune faible
ou absente.
- Cette phase est fréquente et généralement prolongée chez les individus
contaminés à la naissance.
La clairance spontanée de l’AgHBe est rare.
- Les individus sont très contagieux du fait des niveaux élevés de réplication
virale.
|
PHASE 2 : Hépatite chronique AgHBe-positif
|
- Anciennement dénommée « phase d’immuno-élimination »
- Présence de l’AgHBe
- Une réplication virale très élevée (104-107 UI/mL)
- Une activité sérique des ALAT supérieure à la LSN
- Atteinte hépatique : modérée à sévère.
- Cette phase peut succéder la première phase après quelques années, voire
rapidement chez les individus
contaminés à l’adolescence ou à l’âge adulte.
- Cette phase évolue généralement vers la phase d’infection AgHBe négatif.
Néanmoins, certains patients
évoluent vers une la phase d’hépatite chronique AgHBe-négatif.
|
PHASE 3 : Infection chronique Ag HBe-négatif
|
- Anciennement dénommée « portage inactif »
- Présence d’anticorps anti-HBe
- Une faible réplication virale (ADN du VHB <2 000 UI/mL) voire une
absence de réplication (ADN
indétectable
Une activité sérique des ALAT inférieure à la LSN (<40 U/L)
Atteinte hépatique : aucune. Ces patients ont un risque faible d’évolution
vers la cirrhose ou le CHC.
Une faible proportion de patients pourra perdre spontanément leur Ag HBs
associée ou non à l’apparition des
anticorps anti-HBs (séroconversion HBs) (1-3%/an).
|
PHASE 4 : Hépatite chronique AgHBe-négatif
|
- Présence d’anticorps anti-HBe
- Une réplication virale élevée ou fluctuante
- Une activité sérique des ALAT élevée ou fluctuante
- Atteinte hépatique : modérée à sévère.
- La plupart des patients abritent des variant viraux portant des substitutions
amino acidiques au niveau de la
région précore et promoteur du core.
- Cette phase est généralement associée à une faible probabilité de rémission
spontanée.
|
PHASE 5 : Phase AgHBs-négatif
|
- Cette phase est également connue sous le nom d’hépatite B occulte
- Absence d’AgHBs avec ou sans anticorps anti-HBs
- Présence d’anticorps anti-HBc
- Une activité sérique des ALAT inférieure à la LSN
- Un niveau de réplication virale faible ou nulle.
|
Ⅶ. Diagnostic de l'hépatite B
Ag HBs
- L’AgHBs est détecté environ 3 semaines avant le début des signes cliniques et disparaît
généralement dans le mois
suivant. Le niveau d’AgHBs est corrélé au contenu intrahépatique en ADNccc. Le niveau d’AgHBs est
donc
considéré comme un marqueur indirect du réservoir de cellules infectées par le VHB.
- La sensibilité des trousses de détection de l’AgHBs actuellement disponibles est au moins égale à
0,13 UI/mL
d’AgHBs circulant. Cette sensibilité permet de réduire la fenêtre sérologique d’environ 9 jours par
rapport aux
précédentes générations de tests
- La spécificité des trousses est supérieure à 99,5%.
- La détection de l’antigène HBs doit être confirmée par un test de neutralisation. Le principe est
de saturer les
déterminants antigéniques de l’AgHBs de l’échantillon par les anticorps anti-HBs en excès du
réactif. Une
diminution du signal d’au moins 50% est habituellement considéré comme étant nécessaire pour
confirmer la
présence de l’AgHBs.
- La détection de l’AgHBs est également possible à l’aide de tests rapides (ou tests rapides
d’orientation
diagnostique, TRODs) réalisés sur bandelettes.
Faux positifs |
Faux négatifs |
- Les femmes enceintes
- Les individus ayant une maladie auto-immune
- Les patients avec une hépatopathie d’une autreorigine. |
Les échantillons sanguins, recueillis sur héparine, sont
hémolysés (hémoglobine >1,4 g/dL) ou ictériques
(bilirubine > 30,9 mg/dL)
|
Anticorps anti-HBs
- Leur titre augmente de façon concomitante à la diminution de l’AgHBs. Néanmoins, du fait de la non
détection
des complexes antigène-anticorps par les tests, les anticorps anti-HBs deviennent détectables en
moyenne deux
mois après que l’AgHBs soit devenu indétectable au cours de la résolution d’une hépatite aiguë B.
- Les anticorps anti-HBs apparaissent également dans le sérum des patients vaccinés contre le VHB.
Anticorps anti-HBc totaux et IgM anti-HBc :
- Ce sont le meilleur marqueur sérologique d’un contact avec le VHB.
☛ Les anticorps anti-HBc de type IgM apparaissent dès le début des signes cliniques. Leur
présence permet
d’affirmer le caractère récent de l’infection bien que des faibles taux d’IgM peuvent être
présents au cours
de l’hépatite chronique AgHBe-positif ou réapparaître en cas de réactivation d’une hépatite
chronique B chez
un individus ayant une infection chronique AgHBe-négatif.
☛ Les anticorps anti-HBc de type IgG persistent quelle que soit l’évolution de la maladie.
Contrairement aux
anticorps anti-HBs, les IgG anti-HBc ne sont pas protectrices.
☰ Les situations dans lesquelles les anticorps anti-HBc sont le seul marqueur virologique
présent chez un sujet infecté
par le VHB :
☛ Pendant la fenêtre sérologique, période schématiquement située entre le deuxième et
quatrième mois après le début des signes cliniques où l’Ag HBs a disparu et où l’anticorps
anti-HBs n’est pas encore détecté.
☛ Chez des malades ayant un très faible niveau de réplication virale s’accompagnant d’une
faible production d’AgHBs, indétectable par les trousses commerciales.
☛ Chez des malades “guéris“ ayant perdu leurs anticorps anti-HBs.
☛ Chez des malades ayant une infection B occulte.
Antigène HBe
-L’Ag HBe, dans les infections liées à un virus sauvage, apparaît peu avant l’ictère et disparaît
rapidement après le
début des signes cliniques.
- La présence d’AgHBe dans le sang indique une réplication active du VHB, associée à une
infectiosité élevée du
sang.
L’absence de production de la protéine HBe résulte de la présence de substitutions nucléotidiques
dans la région
précore et/ou promotrice du core :
Le gène PréC/C comprend deux régions contiguës (région pré-C et région C) permettant de coder
l'AgHBc et
l'AgHBe. Chaque région possède son propre codon d'initiation (ATG) situé en position 1814 (initiant
la région pré-C) et 1901 (initiant la région C). Quand la transcription débute au codon d'initiation
situé en 1814, elle permet la
lecture de la région pré-C et C, aboutissant à la synthèse d'un ARN messager codant un polypeptide
de 212 AA
(P25) qui donnera après modifications L'AgHBe. Si la transcription débute au codon initial 1901,
seule la région C
sera lue, aboutissant à un ARNm codant un polypeptide de 183 AA qui sera dirigé vers le noyau.
Diverses
modifications post-transcriptionnelles intra-nucléaires permettront d'aboutir à l'AgHBc.
Le mutant pré-C se caractérise par son incapacité à synthétiser l'AgHBe du fait d'une mutation de la
région pré-C
ou de la région régulatrice du C. Parmi les mutations possibles, la mutation A1896 qui crée un codon
stop en
remplaçant la thymidine (T) positionnée en 1896 par une adénosine (A). La transcription de l'ARNm de
l'AgHbe
est alors interrompue d'où l'absence d'AgHBe. En revanche la synthèse de l'AgHBc n'est pas modifiée.
L'absence de l'antigène Hbe s'associe à la présence d'anticorps anti-Hbe, y compris chez les sujets
infectés
d'emblée par une souche mutante pré-C. Le rôle d'une réactivité croisée contre l'AgHBe et l'AgHBc
pourrait
expliquer ceci, du fait de la présence d'épitopes communs aux deux antigènes.
Anticorps anti-HBe :
apparaissent plus précocement que les anti-HBs. Leur apparition s’associe à une
diminution importante du niveau d’ADN du VHB chez les patients qui éliminent le virus.
Détection et quantification de l’ADN du VHB :
Chez un porteur chronique du VHB, le niveau de réplication virale doit être systématiquement mesuré
afin de :
☛ Poser le diagnostic d’hépatite chronique B active
☛ Evaluer le pronostic de l’atteinte hépatique et le risque d’évolution vers la cirrhose
ou le cancer primitif
du foie
☛ Identifier les patients qui ont une indication de traitement
☛ Evaluer la réponse aux traitements antiviraux
☛ Détecter l’émergence de variants viraux résistants
Détermination du profil de résistance génotypique :
L’utilité de la détermination du génotype du VHB pour orienter le choix thérapeutique est
actuellement discutée.
La méthode de référence pour l’identification des mutations de résistance aux analogues
nucléos(t)idiques est le
séquençage du gène codant la protéine ciblée par l’antiviral.
D’autres méthodes sont utilisées en pratique clinique, comme celles fondées sur l’hybridation
inverse qui ne
permettent d’identifier que des substitutions connues pour conférer la résistance
Quantification de l’HBc-related antigen (HBcrAg)
L’antigène HBcr (AgHBcr) est un nouveau marqueur sérologique qui peut être aisément quantifié dans
le sérum
et le plasma à l’aide d’une technique basée sur le pricncipe de la chimioluminescence (CLIA,
chemiLuminescent
enzyme immunoassay) grâce à l’automate Lumipulse G system.
Il s’agit d’un marqueur composite : il détecte un épitope linéaire après dénaturation présent sur
l’AgHBe, la
protéine de capside (AgHBc) et une protéine dérivée du core (p22cr) qui sont des produits du gène
preC/C et
partagent une séquence de 149 amino acides reconnue par les tests de détection de l’AgHBcr.
Des études récentes ont montré que le niveau d’AgHBcr était corrélé à la charge virale sanguine,
mais également
à l’activité transcriptionnelle de l’ADNccc dont la persistance au niveau hépatocytaire est la cause
principale de
rechute après arrêt des analogues nucléos(t)idiques.
Quantification de l’ARN du VHB
Chez les patients naïfs de traitement, le niveau d’ARN du VHB était fortement corrélé au niveau
d’ADN du VHB. Il
pourrait donc refléter l’activité transcriptionnelle de l’ADNccc.
Chez les patients AgHBe-positif traités par analogues nucléos(t)idiques, la diminution du niveau
d’ARN était un
facteur prédictif de la séroconversion HBe. La cinétique de l’ARN du VHB pourrait être un marqueur
prédictif de
la réponse au traitement.
Enzymes hépatiques
Les transaminases sont des enzymes dont l’activité sérique est augmentée au cours de lésions
principalement au
niveau du foie, du coeur, des reins ou des muscles. Leur dosage est utile dans le diagnostic de
pathologies
hépatiques ou du muscle cardiaque.
L’activité sérique de l’ALAT est généralement augmentée de façon importante (généralement >10 fois
la limite
supérieure de la normale) au cours d’une hépatite aigüe B. Au cours de l’infection chronique,
l’activité sérique
des transaminases peut être normale, modérément augmentée ou franchement augmentée.
Evaluation de la fibrose hépatique
Il existe 2 méthodes d’évaluation de la fibrose hépatique : la ponction-biopsie hépatique (PBH) et
l’élastographie
impulsionnelle.
La PBH a été longtemps l’examen de référence. Les limites de la PBH sont nombreuses :
☛ Il s’agit d’une méthode invasive
☛ Evaluer le pronostic de l’atteinte hépatique et le risque d’évolution vers la cirrhose
ou le cancer primitif
du foie
☛ Le résultat est sujet à un taux d’erreur élevé en particulier lorsque la longueur de la
biopsie est insuffisante
☛ Une variabilité intra et inter-observateur.
La mesure de l’élasticité du foie peut être réalisée à l’aide de plusieurs techniques ; la plus
répandue étant
l’élastographie impulsionnelle ultrasonore (Fibroscan).
Une fibrose significative correspond à un score METAVIR ≥F2.
☰ Utilisation pratique des outils virologiques pour le diagnostic et le suivi des
infections virales B :
Hépatite B aigue |
Diagnostic :La présence simultanée d’AgHBs et d’IgM anti-HBc dans un contexte
d’hépatite aiguë
Guérison :La disparition de l’AgHBs suivie, 2 à 4 mois après, par
l’apparition des anticorps anti-HBs
(associée aux anti- HBc)
Convalescence : La présence d’IgM anti-HBc en l’absence d’AgHBs et
d’anticorps anti-HBs suivie par l’apparition
ultérieure des anticorps anti-HBs
Guérison :(< 1 mois) Fenêtre silencieuse ---> rechercher l’ADN viral.
|
Hépatite B chronique
|
Le diagnostic de l'infection virale B chronique repose sur la sérologie virale,
par les tests immuno-enzymatiques
(Ag HBs, Ac anti-HBc de type lgG, Ac anti-HBs), la recherche de I’ADN du VHB par
la technique de PCR en temps
réel et l'évaluation de la fibrose hépatique si nécessaire.
L’AgHBs et les anticorps anti-HBc totaux sont présents, associés ou non à
l’AgHBe.
Dans certaines circonstances, l’AgHBs n’est pas détecté au cours d’une infection
chronique B :
☛ Dans les infections chroniques AgHBe-négatif (anciennement porteurs
inactifs) ayant un très faible
niveau de réplication virale
☛ Chez les patients infectés par des souches virales portant des
substitutions amino-acidiques de l’AgHBs
☛ Chez les patients ayant une infection B occulte
☛ Chez les patients ayant une hépatite chronique B traités par une
chimiothérapie antivirale efficace
☛ Chez les patients coinfectés par le VHB et le virus de l’hépatite
delta (VHD).
|
Ⅷ.Prise en charge de l’hépatite
B chronique (recommandations algériennes)
☰ Qui traiter :
- ALAT > 2 N, confirmé, en l'absence d'une autre cause de cytolyse, ADN VHB > 20,000 Ul/mL (Ag
HBe +) et
> 2.000 Ul/mL (Ag HBe -) indépendamment du stade de fibrose.
- Cirrhose : traiter dès que l'ADN du VHB est détectable, quelque soit le taux des ALAT. Le
traitement sera
coordonné avec un centre de transplantation hépatique en cas de cirrhose décompensée.
- ALAT > à la LSN, ADN du VHB > 20.000 Ul/mL (Ag HBe +) et > 2.000 Ut/mL (Ag HBe -) et lésions
histologiques du foie activité ≥ A2 et/ou fibrose ≥ F2.
- 2OOO < ADN VHB < 20 000 UI/mL, avec ALAT constamment normales : évaluer l'élasticité
du foie par le
fibroscan:
☛ < 7 Kpa : fibrose non significative, pas de traitement
☛ > 12 KPa : F3/F4, traitement
☛ ≥7 12kpa, confirmée par un second fibroscan. Évaluation de la fibrose hépatique
(PBF) si
projet thérapeutique
- Patients avec manifestations extra-hépatiques.
- Patient immunotolérant, âgé de plus de 30 ans, avec des antécédents familiaux de cirrhose ou
de
carcinome hépatocellulaire.
☰ Qui ne pas traiter :
☛ Infection chronique Ag HBe + (immunotolérants ou infection VHB chronique).
☛ Infection chronique Ag HBe - (porteurs inactifs).
☰ Traitements disponibles : :
☛ Les analogues nucléos(t)idiques : Disoproxil fumarate (Ténofovir cp 300 mg), Baraclude
(Entecavir Cp
à 0,5mg et 1mg)
☛ L'interféron standard (3 MUl) et Pégylé (PEG-IFN ou Pegasys 180ug)
- Sauf contre-indication, tous les nouveaux patients seront traités par le Ténofovir (TDF). Les
patients déjà
sous Entecavir seront switchés vers le TDF
- Le traitement peut être arrêté si :
- Perte de l'Ag HBs, confirmée avec ou sans séroconversion HBs.
- Après une efficacité maintenue, plus de 3 ans chez les patients viro-négatifs sans fibrose
sévère
(F3/F4), sous réserve d'une surveillance rapprochée et de critères de retraitement bien définis.
- En cas de cirrhose Ag HBe + : Traiter jusqu'à séroconversion Ag HBe et DNA VHB indétectable (perte
de
l'Ag HBe avec ou sans apparition des Ac anti-HBe), puis traitement de consolidation de 12 mois.
- En cas de cirrhose Ag HBe - : Durée du traitement indéfinie.
- Qui traiter par l’interféron ? Patient Ag HBe + avec ALAT élevées (2 à 5xLSN), DNA
VHB peu élevé (<2
Millions UI/ mL), lésions histologiques actives (A2) : sans cirrhose ou cirrhose compensée. La durée
du
traitement est de 48 semaines.