Virus de l'hépatite A | Transmission | Symptôme | Diagnostic | Vaccin

✑ Dr.Hamzaoui.l

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Ⅰ. Classification/ Structure

- Le virus de l'hépatite A (VHA) fait partie de la famille des Picornaviridae et du genre Hepatovirus. Bien qu'un seul sérotype soit connu, il existe 7 génotypes décrits dont les 3 premiers infectent l'homme (I, II et III). Les données sur la distribution des génotypes ont montré que le génotype I est le plus répandu dans le monde, l'IA étant signalée plus fréquemment que l'IB.

- Il s’agit d’un petit virus nu avec une taille de 27 à 32 nm. Il est composé d'une capside icosaédrique constituée d'un assemblage de 4 protéines (VP1, 2, 3 et 4) et d’un un ARN de polarité positive d'environ 7500 nucléotides qui est lié de façon covalente en 5' à une petite protéine Vpg qui joue un rôle dans l'amorçage de la réplication et de la synthèse d'ARN.

- L'ARN contient un seul cadre de lecture qui sera traduit en une polyprotéine unique dont le tiers N-terminal donnera les protéines structurales de capside (VP) alors que la partie suivante englobera les protéines impliquées dans la production des protéines actives et la réplication virale (2B, 2C, 3A, 3B/Vpg, 3C pro ,3D pol ).

ictère conjonctival hépatite A

Ictère conjonctival

- Le clivage (processing) de la polyprotéine fait intervenir des protéases cellulaires et la protéine virale 3C pro . La protéine 3D pol est une ARN polymérase ARN-dépendante.

Ⅱ. Cycle de multiplication

- La pénétration du virus se fait suite à une interaction entre les protéines de capside et un récepteur spécifique appartenant à la superfamille des immunoglobulines (TIM1/HAVcr). Une voie de pénétration dans les hépatocytes pourrait également être médiée par les anticorps anti-VHA et le récepteur Fc des immunoglobulines. Le cycle viral se déroule dans le cytoplasme cellulaire en lien avec des structures dérivées du réticulum endoplasmique.

- Après décapsidation, l'ARN est libéré, traduit en une polyprotéine qui sera clivés afin de libérer les protéines fonctionnelles pour la réplication et l'assemblage.

- Les particules néosynthétisées seront relarguées dans les canalicules biliaires au pôle apical des hépatocytes.

Ⅲ. Modes de transmission et épidémiologie de VHA

Le VHA est très résistant dans des conditions physiques extrêmes : Il résiste aux températures ambiantes et à la congélation (-20 à +30°C) et aux variations d'acidité (pH 1-11) pendant plusieurs heures à plusieurs mois.

Le mode de transmission est fécal-oral , soit direct par contact avec un individu infecté, soit indirect par ingestion d'eau ou d'aliments contaminés par des selles.

NB. En raison d'une courte période de virémie, le virus peut être transmis au décours d'une transfusion ou lors de réutilisation de seringues contaminées (situations exceptionnelles).

L’OMS estime que 1,5 million de personnes sont infectées chaque année par le VHA. Ce chiffre est très probablement sous-estimé en raison de la présentation asymptomatique de l'hépatite A et les limites concernant les informations épidémiologiques sur le VHA.

Sur le plan mondial, on distingue 3 niveaux de prévalence largement dépendants des niveaux d'hygiène et socioéconomiques :

☛ Dans les pays à faible niveaux d'hygiène et sanitaire, la majorité des enfants de moins de 10 ans a déjà été contaminée et sera donc immunisée à vie contre cette infection ; les épidémies à l'âge adulte seront ainsi rares.

☛ Dans les pays en phase de transition et dont le niveau sanitaire est en partie développé, les infections de l'enfant seront plus rares, les adultes seront moins immunisés et il y a des risques d'épidémies avec un nombre important d'infections et des manifestations cliniques plus sévères.

☛ Dans les pays les plus développés, la circulation du virus est rare et les risques d'épidémies à large échelle sont improbables.

Ⅳ. Physiopathologie

Le virus entre dans l'organisme par voie orale et du fait de sa résistance en milieu acide, atteint les villosités intestinales après passage dans l'estomac

Il semble qu'une première phase de réplication virale pourrait avoir lieu au niveau des cellules intestinales puis le virus atteint par voie sanguine le foie (La virémie est extrêmement brève d’environ 1 semaine en moyenne).

Le VHA a un tropisme uniquement hépatocytaire

La réplication virale s'amplifie dans les hépatocytes et le virus sera excrété dans la bile pour finir dans les selles à des concentrations atteignant 10 par gramme de selles.

Cette première phase asymptomatique dure environ 4 semaines

Le virus n'est pas cytopathique sur les cellules hépatiques et la cytolyse hépatique observée au cours de l’hépatite A serait liée à l’immunité à médiation cellulaire.

Ⅴ. Signes cliniques de l'hépatite A

Maladie à déclaration obligatoire.

Après une période d'incubation d'environ 4 semaines :

- Une phase prodromique aspécifique de type "syndrome pseudo-grippal" peut apparaitre durant quelques jours (1-4j.)

- Une phase d'état caractérisée par l'hépatite biologique non nécessairement associée à une quelconque symptomatologie clinique.

Alors que l'infection est très souvent (80-95%) asymptomatique chez l'enfant, les symptômes sont beaucoup plus fréquents (75-90%) chez l'adulte et le risque de décès s'accroit avec l'âge. Ainsi, le taux de mortalité chez les adultes hospitalisés pour hépatite A peut dépasser les 1% chez l'adulte de plus de 50 ans.

Les hépatites fulminantes sont rares (1%) et on observe parfois des formes cholestatiques ou des formes avec rechute dans 3 à 20% des cas.

NB. Il n'existe pas de portage chronique du virus de l'hépatite A mais que des excrétions prolongées (au-delà de 1 mois) du virus peuvent être observées chez des patients immunodéprimés.

Ⅵ. Diagnostic virologique de l'hépatite A

Le diagnostic virologique repose sur la sérologie.

Recherche des IgM anti-VHA:

Apparaissant dès le début des symptômes clinico-biologiques, la présence d'IgM anti-VHA est très spécifique d'une hépatite A aiguë.

Faux positifs Faux négatifs
- Une stimulation polyclonale par certains virus du groupe herpes.
- Vaccination anti-VHA : les IgM peuvent être détectées dans les semaines suivant l'injection.
- Peuvent se rencontrer en tout début de cytolyse (fin de phase prodromique), en particulier lorsque le sujet est encore fébrile → Refaire la recherche des IgM les jours suivants (1-3j).

Recherche des IgG anti-VHA :

La recherche des IgG ou des anticorps totaux anti-VHA aura pour principale indication, le contrôle du statut immunitaire : Une sérologie positive, soit un titre >20 UI/mL, indique soit un contact antérieur avec le virus, soit une immunité conférée par une vaccination. Cette immunité est considérée comme persistante et protégera contre toute infection par le VHA toute la vie de l'individu. Apparaissant dès le début des symptômes clinico-biologiques, la présence d'IgM anti-VHA est très spécifique d'une hépatite A aiguë.

Détection du génome par biologie moléculaire :

Détection de l'ARN par les techniques de RT-PCR, soit dans le sang lors de la phase de virémie, dans les selles voire dans le foie au moment de la cytolyse.

Intérêt : Documenter le profil génotypique d'une souche lors d'une épidémie ou détecter la contamination éventuelle d'un produit à visée alimentaire ou l'environnement.

Ⅶ. Traitement/ Vaccination

Il n'existe pas de traitement spécifique contre le virus de l'hépatite A . Dans les cas les plus sévères, la transplantation hépatique sera l'ultime recours.

Le respect des règles strictes d'hygiène par la personne infectée afin de prévenir les transmissions à son entourage.

Vaccination VHA: Le vaccin est constitué de virus inactivés. Le schéma vaccinal repose sur deux injections généralement espacées de 6 à 12 mois. L'efficacité vaccinale est excellente (95%). L’immunité est persistante à vie et il n'y a aucune recommandation de rappel ultérieur.

Le vaccin est recommandé aux voyageurs en zone d’endémie, militaires, personnes travaillant sur la chaîne alimentaire, en crèche, en institution…

Il est recommandé de vacciner toute personne en contact avec une personne ayant une hépatite A aiguë dans les meilleurs délais (idéalement dans les 14j. suivant le contact à risque) sans vérifier impérativement le statut sérologique des personnes à risque